Tout bloquer ?

Un appel à la mobilisation générale contre la politique budgétaire de François Bayrou circule sur les réseaux sociaux depuis que ses modalités principales ont été dévoilées par le Premier ministre lui-même. Ce mouvement d’apparence spontanée a émergé doucement, à la manière de celui des Gilets jaunes en son temps, et ne veut aucune récupération politique. Une date, le 10 septembre, a été choisie pour « bloquer le pays » par tous les moyens et le mouvement vient de recevoir un soutien qui pourrait être plus embarrassant que mobilisateur, celui de la France Insoumise, en la personne de son chef, Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier a pris soin de préciser que LFI ne prétendait en aucune façon diriger ou récupérer un élan issu du mécontentement populaire. Toutefois, il escompte bien utiliser, d’aucuns diront exploiter, ce climat protestataire et revendicatif, permettant de croiser le fer avec le gouvernement dès la rentrée parlementaire, dans l’espoir de le censurer le plus vite possible. L’initiative du blocage espéré de la France avait des racines plutôt situées à la droite de l’échiquier politique et relayait des positions souverainistes, proches de la nébuleuse « c’est Nicolas qui paye » mettant en scène un malheureux contribuable trentenaire subvenant aux besoins de riches retraités et d’immigrés entretenant leurs familles en Afrique. Les tenants et les aboutissants peu clairs des héritiers des Gilets jaunes et de certains syndicalistes agricoles font craindre l’émergence d’un mouvement purement contestataire, aiguisant les appétits de populistes de tout poil, dont le modèle pourrait être le président argentin Javier Milei et sa célèbre tronçonneuse. De quoi inciter les autres partis de gauche et les syndicats à la prudence et les empêcher de soutenir massivement le mouvement pour le moment.

Plus surprenante encore, la réserve dont fait preuve le Rassemblement national, après quelques hésitations. En soutenant l’action du bout des lèvres, il cherche à ménager la chèvre et le chou, tout en ne fermant pas la porte à une future évolution. Le mot d’ordre de la hiérarchie semble être de miser sur la respectabilité nouvelle du parti, et d’éviter les positions trop tranchées au risque de faire peur à une partie de son électorat. Pour le RN, la pierre de touche sera le vote sur le budget 2026, et il est probable qu’il ne s’engage pas trop sur le terrain revendicatif avant. La position de LFI en soutien du mouvement du 10 septembre va lui permettre de réserver ses attaques principales à la gauche qu’elle qualifie d’extrême, sans risquer grand-chose elle-même. Quant aux autres partis de gauche tels que le PS, le PCF et les écologistes, on ne voit pas venir de décision commune. Tout porte à croire que chacun se réserve de pouvoir prendre position en fonction de la mobilisation. Ce que l’on appelle généralement « prendre le train en marche ».

Commentaires  

#1 jacotte 86 19-08-2025 11:30
air connu en 68
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