
À table !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 août 2025 11:17
- Écrit par Claude Séné

Les protagonistes de la rencontre historique qui s’est déroulée en Alaska le 15 août dernier ont été assez peu diserts sur les discussions. La conférence de presse commune a été réduite à sa plus simple expression, durant seulement 12 minutes sur les 60 prévues. Même l’interview accordée par le président Trump à sa chaine préférée, Fox News, a été expédiée plus rapidement qu’en cas de succès américain. Un autre signe de l’échec des négociations, au-delà de l’incapacité pour Donald Trump d’obtenir le cessez-le-feu dont il avait fait son objectif principal, c’est l’escamotage du repas prévu en commun, comme l’indique le document protocolaire oublié dans une photocopieuse d’hôtel.
Cette anecdote, plus significative qu’il y parait, m’a rappelé deux formules semblant appropriées à la situation. La première concerne le jeu de poker, cher aux Américains, qui dit : « à une table de poker, si tu ne sais pas qui est le pigeon, c’est que c’est toi ! » La seconde a trait aux repas et dit ceci : « si tu n’es pas convié à la table de négociation, c’est que tu es au menu ». Il me semble que les Européens ont compris que leur intérêt commun était de participer directement aux échanges entre le président Zelensky et le président Trump, ne serait-ce que pour éviter un remake de l’humiliation du président ukrainien dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, seul contre ses supposés alliés américains, notamment le vice-président JD Vance, totalement déchaîné. La position de Donald Trump semble avoir été légèrement infléchie par la détermination des dirigeants européens, qui se matérialise par leur déplacement en soutien à Zelensky. La possibilité d’un repas en commun, et sa durée éventuelle sera un indicateur de la prise en considération de cette coalition des volontaires.
On sait déjà ce que Trump a probablement lâché sans la moindre contrepartie : le refus d’accepter l’Ukraine dans l’OTAN, maintenant ou plus tard, et la sanctuarisation de l’annexion de la Crimée qui remonte désormais à plus de 10 ans, entérinée par Obama à l’époque. Trump a vraisemblablement donné sa parole à son ami Poutine, et il ne pourra pas se parjurer sans risquer d’être dénoncé publiquement ou en sous-main. Or, dans un océan de mauvaises nouvelles, il y a un point positif, et c’est un frémissement de l’électorat des républicains, qui sent confusément que son président se fait manipuler, qui se souvient opportunément que le nouveau meilleur ami de Trump était aussi leur meilleur ennemi pendant la guerre froide, et qu’un renversement d’alliance pourrait mettre la patrie en difficulté. Depuis des décennies, c’est le péril rouge qui était le plus combattu, et l’Américain moyen a appris à se méfier de son propre voisin susceptible d’être à la solde de Moscou. Méfiance justifiée au vu des ingérences russes dans les campagnes électorales américaines. Affaire à suivre.