
Chronique d’un échec annoncé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 14 août 2025 11:12
- Écrit par Claude Séné

Non, il ne s’agit pas de la rencontre « historique » des dirigeants russes et américains prévue demain à Anchorage, dont on ignore encore sur quoi elle pourrait déboucher, mais qui aura bien du mal à trouver une issue positive en raison de l’absence des principaux intéressés que sont les pays européens, aux premières loges des visées expansionnistes de Vladimir Poutine et surtout l’Ukraine, en butte à l’agression belliqueuse de son encombrant voisin. C’est une autre rencontre internationale qui se tient actuellement au siège de l’ONU à Genève et qui réunit 180 pays pour tenter de trouver un accord pour limiter la pollution aux matières plastiques qui ne cesse de progresser, si l’on peut dire.
Le constat est simple, et alarmant. Les déchets en matière plastique s’accumulent dans les océans au point de former un véritable continent, avec des conséquences graves sur l’écosystème, désormais bien connues. Les morceaux de matière plastique sont fragmentés en éléments de plus en plus petits et avalés par la faune marine, et se retrouvent dans l’alimentation humaine par l’intermédiaire de la chaîne alimentaire. La matière plastique a d’abord été accueillie comme un progrès. Grâce à cette nouvelle fibre, on pouvait fabriquer des vêtements presque inusables, et bientôt recyclables. Ces sous-produits de l’industrie pétrolière étaient une source de richesse supplémentaire pour les « rois du pétrole » que sont les pays producteurs. Au point de justifier le slogan bien connu : « le plastique c’est fantastique » et amener des pays comme la France, qui n’a pas de pétrole, à chercher des idées aussi farfelues que les bouchons « solidaires » où l’on évite de perdre un petit objet en plastique tout en produisant une maxibouteille irrécupérable à terme, pour se donner une bonne conscience écologique.
Depuis déjà quelque temps, la communauté scientifique a essayé de faire prendre conscience qu’il n’était pas possible de continuer à mettre la poussière sur le tapis, et qu’il fallait impérativement réduire la production à la source, par exemple en préférant les bouteilles en verre réutilisables aux récipients en plastique. Au sommet de Genève, les pays « vertueux » qui poussent à un accord, même symbolique, se heurtent à l’opposition résolue des pays producteurs de pétrole, qui bloquent toute résolution allant dans ce sens. La réunion dure depuis 9 jours et fait suite à des échanges entamés depuis 3 ans, sans déboucher sur la moindre position commune qui pourrait faire espérer un dénouement favorable. On a même l’impression d’un recul, tant les positions sont antagonistes. Un texte de projet de traité a bien vu le jour, mais tellement vidé de sa substance qu’il est rejeté de tous côtés, y compris ceux à qui il semble faire la part belle, les lobbies pétroliers. Quand on voit ce qu’il advient des accords les plus ambitieux, comme celui de Paris en 2015 sur la limitation du réchauffement climatique, on ne peut être que pessimiste.