Conditions de paix

Ce sont souvent les plus difficiles à réunir, et chacun des protagonistes s’en fait généralement sa propre idée, incompatible avec celle de l’adversaire. Nous sommes apparemment à un tournant dans les deux conflits principaux en cours, celui qui se déroule à Gaza et celui qui oppose la Russie à l’Ukraine. Le parallélisme entre les situations, s’il est loin d’âtre absolu, est cependant frappant à bien des égards. Après la rencontre au sommet entre le président russe et le président américain, qui n’a pas donné de résultat spectaculaire, l’étape suivante consiste à faire se rencontrer le président russe et le président ukrainien. Acceptée sur le principe, la réunion bute sur le choix du lieu.

Du moins, c’est le prétexte avancé par la partie russe pour retarder, peut-être indéfiniment, un sommet dans lequel Vladimir Poutine, qui n’a rien concédé de ses positions jusqu’ici, semble bien décidé à défendre ses revendications extrêmes jusqu’au bout, en annexant ou en contrôlant la totalité de l’Ukraine, en attendant la reconstitution de l’empire soviétique. Vladimir Poutine ne veut pas d’une paix négociée, mais une capitulation en bonne et due forme d’une Ukraine désarmée qui en ferait une proie facile à court ou moyen terme. S’il ne trouve pas de résistance suffisamment ferme à ses visées expansionnistes, il poussera son avantage aussi loin que possible. Ses prochaines cibles pourraient être les pays baltes, peu étendus et peu peuplés dont la défense relève théoriquement de l’application de l’article 5 du traité de l’OTAN, dont on n’est pas certain que le président Trump se saisirait pour empêcher la Russie d’envahir ses voisins immédiats. Il semble plus soucieux de faire des affaires, à son profit, que de défendre la veuve et l’orphelin, quitte à s’assoir sur ses principes, s’il lui en reste.

De son côté, le Premier ministre israélien a déclaré vouloir imposer ses conditions pour faire cesser les hostilités avec le Hamas. Elles passent par la libération de tous les otages encore détenus par l’organisation palestinienne et son désarmement total, sous peine d’une destruction complète de la ville de Gaza, qui sera rasée, comme d’autres villes palestiniennes déjà détruites par les combats et les bombardements. En pratique, le gouvernement israélien va tenter une énième déportation des populations civiles et a déjà commencé à quadriller le terrain en rappelant 60 000 nouveaux réservistes de l’armée afin d’occuper militairement chaque quartier, chaque maison, prenant ainsi le risque de déclencher une nouvelle guérilla urbaine, très meurtrière, et de pousser les populations à soutenir les combattants qui s’opposent à l’occupation. Cette méthode brutale peut donner des résultats sur le moment, mais ne fait qu’envenimer le conflit et susciter des vocations terroristes à plus ou moins long terme. Tout comme Poutine, Netanyahou ne veut pas véritablement la paix, mais maintenir un rêve de « grand Israël » dont il serait le chef, aussi longtemps que possible.