Les indécrottables
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 29 avril 2019 10:36
- Écrit par Claude Séné
Il s’agit des « intellectuels », généralement parisiens, qui estiment faire ou représenter l’opinion, qui ont leur rond de serviette dans les médias, notamment sur les chaînes d’information continue, qui se jugent être les arbitres des élégances, attachés à leur poste inamovible qu’ils ne quitteront que les pieds devant. Leur liste en serait fort longue, mais je me limiterai à deux exemples piochés dans l’actualité de ce week-end, et qui ont trait tous les deux au mouvement des gilets jaunes. Chacun à sa manière, ils essaient de fixer le dernier clou au cercueil et d’enterrer définitivement la contestation.
Mon premier est un ancien éditorialiste, qui a fondé l’évènement du jeudi, puis l’hebdomadaire Marianne qu’il a dirigé jusqu’en 2007. Vous aurez reconnu Jean-François Kahn, grand pourvoyeur d’eau tiède sous couvert de dénonciation tous azimuts des turpitudes politiques, à l’exception notable de DSK, coupable à ses yeux d’un simple « troussage de bonne ». JFK ne comprend tout simplement pas pourquoi les gilets jaunes ne se satisfont pas des mesures décidées par Emmanuel Macron, qui, selon lui, répondent aux revendications des protestataires. Alors qu’il déclarait le président « perdu » en décembre dernier, il lui décerne à présent un brevet de bonne volonté qui devrait suffire et pourvoir à tout, quand le simple bon sens démontre à l’évidence que le compte n’y est pas et que le chef de l’état, s’il met en avant ses solutions, ne répond à aucune des demandes qui lui étaient adressées. Mais JFK aime se donner le rôle du sage, pondéré, qui distribue les bons et les mauvais points, défendant un extrême centre de bon aloi, pile-poil le créneau présidentiel soit dit en passant.
Mon deuxième en a remis une couche en ironisant sur la faible mobilisation des gilets jaunes pour le dernier acte en date de protestation. Évidemment, comparé à la grève générale illimitée et aux grandes manifestations de masse de 1968 dont il fut un des animateurs, cela peut paraître peu. Cependant, un mouvement qui dure 24 semaines, et qui risque de se prolonger encore assez longtemps, c’est sans précédent, même si ça ne semble pas faire plaisir à Daniel Cohn-Bendit. Il faut dire que Dany « le rouge » a fait place depuis longtemps à Dany « le vert », un vert de plus en plus pâle d’ailleurs, et qu’il s’est transformé en fossoyeur de la révolution, reniant sans regret ses convictions passées, dont il ne faut surtout pas lui parler. Pour lui, le mouvement est minoritaire et doit donc s’arrêter, purement et simplement. Pas de chance, les faits sont têtus et le cadavre remue encore, n’en déplaise aux indécrottables qui ne veulent rien comprendre.