Équilibres et dosages

À peine nommé, le Premier ministre doit s’attaquer à la composition du gouvernement, et le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas une sinécure. Gabriel Attal a prévu de l’annoncer d’ici la fin de la semaine, mais même cette formulation prudente sera difficile à tenir, tant les contraintes qui lui sont imposées sont fortes. Selon les textes, c’est le président qui nomme les ministres sur proposition du Premier ministre, mais en pratique chacun sait que l’avis d’Emmanuel Macron sera décisif. Le couple exécutif va devoir résoudre un problème s’apparentant à la quadrature du cercle, en tenant compte d’exigences parfois contradictoires.

Bébé requin

C’est vrai qu’il est choupinou, le tout nouveau Premier ministre de la France, avec sa tête de premier de la classe, bien propre sur lui, poli et bien élevé, au point que l’on oublierait presque que s’il en est arrivé là, c’est nécessairement, en dehors de ses qualités évidentes de communicant, grâce à un arrivisme forcené qui fait penser à la chanson interprétée par une autre France, France Gall, en 1967. Si l’on en croit le cercle de famille qui applaudit son arrivée à grands cris, son principal mérite, c’est la jeunesse et la précocité. C’est évidemment flatteur, mais que Gabriel Attal ne s’y trompe pas, cela ne dure pas éternellement, même si comme Faust, on est prêt à y sacrifier son âme.

Petits arrangements avec sa conscience

J’avoue avoir été quelque peu sidéré par l’extrait d’un documentaire réalisé par Gérard Miller, dans lequel le réalisateur Benoît Jacquot revenait sur la relation qu’il a entretenue avec une jeune actrice, Judith Godrèche, âgée de 14 ans quand lui en avait 40 à l’époque. Un épisode que l’actrice a décrit dans une série promise à un bel avenir, sans nommer le metteur en scène dans un premier temps, puis en le désignant explicitement après de nombreuses sollicitations médiatiques. Elle en a le droit, c’est elle la victime, elle peut choisir d’en parler ou non. Elle explique avoir été sous l’emprise affective de cet adulte, auréolé de son statut de réalisateur, alors qu’elle voulait plus que tout devenir comédienne.

Vous avez dit plein emploi ?

Depuis le 1er janvier, France Travail a officiellement remplacé Pôle emploi, qui avait lui-même succédé à l’ANPE, l’agence nationale pour l’emploi, créée en 1967, et qui avait fusionné avec l’UNEDIC en 2008 pour constituer une nouvelle unité, chargée à la fois de l’indemnisation des chômeurs et du retour à l’emploi, dans la mesure du possible. C’est ce « possible » qui constitue la première escroquerie : un abus de langage permet d’appeler plein emploi une situation où le chômage ne dépasserait pas 5 % de la population en âge de travailler, et inscrits officiellement comme demandeurs d’emploi.