Sus aux écrans

Le Président s’ennuie. Et rien n’est plus dangereux qu’un chef d’État qui se rend compte qu’il ne maîtrise pas grand-chose depuis que le peuple ingrat l’a privé de son pouvoir absolu en lui refusant une majorité entièrement à sa main pour satisfaire ses lubies. Bien sûr, il conserve certaines attributions plutôt amusantes, comme le fait de nommer son protégé, certains disent son clone, à l’hôtel Matignon en lui octroyant le privilège de doubler toute la file de prétendants pour passer devant tous ceux qui se voyaient déjà en haut de l’affiche. Et puis quel plaisir de faire espérer aux uns et aux autres l’obtention d’un maroquin purement honorifique, qui les tiendra en laisse pour la fin du quinquennat.

S’il aurait su…

Il aurait pas venu. Qui donc ? Pas le Petit Gibus de l’inoubliable « guerre des boutons » de Louis Pergaud, mais le nouveau ministre des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Séjourné, inconnu jusqu’ici du grand public, bien qu’il soit devenu député européen et même président du groupe libéral proche des macronistes au parlement de Strasbourg. Un apparatchik donc, issu de la jeune garde qui phosphorait pour le compte de Dominique Strauss-Kahn du temps où il était un présidentiable crédible, avant d’exploser en plein vol dans la chambre numéro 2806 du Sofitel de New York. Le voilà donc propulsé sur le devant de la scène à un poste important, depuis la constitution du gouvernement dirigé par Gabriel Attal.

Peur sur la ville

La situation dans les « quartiers », dont on n’a même plus besoin de préciser « difficiles » pour que chacun comprenne, ne cesse de se dégrader à bas bruit, comme on le dit pudiquement. À Valence, dans la Drôme, elle a atteint des sommets récemment avec un « sondage » artisanal sur les réseaux sociaux, demandant aux personnes intéressées de se prononcer sur le kidnapping éventuel des « gamines » de la ZUP, comprenez le quartier dit du Plan, où vivent 6000 habitants, et où la sécurité n’est pas assurée depuis de longues années ne cessant de s’empirer.

Réarmement

Mais où vont-ils chercher tout ça ? Lors de ses vœux pour 2024, le président de la République n’avait que ce mot à la bouche. Il l’a employé 7 fois, et d’une façon qui m’a semblée pour le moins incongrue. Pour moi, la notion de réarmement suppose au préalable un désarmement, comme, par exemple au moment où l’Allemagne nazie était contrainte à la capitulation, ainsi que le Japon, ce qui conduisait inévitablement à un abandon des armes qui avaient prévalu jusque-là. La guerre froide ayant rapidement succédé à cet effroyable carnage planétaire, la grande question soulevée par ce nouvel ordre mondial a consisté à chercher des moyens de limiter les stocks d’armes.