Hong Kong et Jéricho
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 octobre 2014 10:13
- Écrit par Claude Séné
Avez-vous noté le nom du jeune étudiant de 17 ans qui mène la révolution des parapluies dans l’ancienne possession britannique qui a été rendue aux Chinois, mais qui conserve un statut particulier dans la République populaire ? Il s’appelle Wong, ce qui marque bien son origine asiatique, mais son prénom a une consonance hébraïque, puisqu’il s’agit de Joshua.
Joshua ou Josué est un personnage biblique, qui a vécu en Palestine au 13e siècle avant JC. Il est surtout connu pour avoir conquis la forteresse de Jéricho sans combattre. Selon les écritures, Josué aurait fait sept fois le tour des fortifications pendant sept jours en brandissant l’arche d’alliance, vous savez, celle des « aventuriers de l’arche perdue », accompagné de sept prêtres soufflant dans sept « chofars », sept trompettes dont la renommée a survécu jusqu’à notre époque. Et là, miraculeusement, par la volonté divine, les murailles de Jéricho se sont écroulées spontanément, permettant à Josué et les siens de rentrer dans la ville et de la raser intégralement, sans coup férir.
À Hong Kong, les parapluies ont remplacé les trompettes. Les manifestants n’usent d’aucune violence. Ils distribuent gratuitement, non seulement les parapluies destinés à se protéger des gaz lacrymogènes, mais aussi de l’eau et de la nourriture. Les rues sont soigneusement nettoyées chaque soir et les jeunes manifestants qui occupent le centre de la ville brandissent des pancartes pour s’excuser du dérangement. Ces révolutionnaires polis pratiquent aussi le tri sélectif pour permettre le recyclage de leurs déchets. Tout se passe comme s’ils espéraient une intervention divine pour faire tomber la muraille de Chine des institutions du régime. Ils revendiquent un régime démocratique pour leur territoire, qui bénéficie d’une certaine autonomie, en élisant leurs dirigeants au suffrage universel sans que Pékin leur impose ses candidats. Cette demande n’a évidemment aucune chance d’aboutir, car elle créerait un précédent dangereux dont ne manquerait pas de se saisir notamment le Tibet, qui refuse lui aussi l’allégeance au pouvoir central.
Le frêle Joshua réussira-t-il à ébranler le puissant empire du milieu ? Ou restera-t-il un symbole sans lendemain de la révolte de la jeunesse comme son célèbre confrère de la place Tien An Men, qui n’a pu que manifester son désaccord devant la puissance aveugle des tanks ?