Lettre ouverte à un trouillard

De quoi as-tu donc si peur, toi qui t’es imaginé pouvoir disposer à ton gré de la vie d’autrui ? Tu comparais depuis hier devant une justice que tu ne mérites pas, et tu as le culot de te plaindre de l’inconfort de tes conditions de détention, toi dont les complices qui partagent la folie meurtrière pratiquent la torture physique et morale dès qu’ils en ont l’occasion. Rassure-toi, la France a aboli la peine de mort depuis 1981, et s’est garantie de tout retour en arrière en l’inscrivant dans la Constitution en 2007.

Si tu avais dû comparaître devant la justice prônée par tes semblables, l’affaire aurait été vite entendue. Tu t’es arrogé le droit de décider de la vie et la mort de personnes inconnues, dont la seule existence te semble intolérable, sous prétexte qu’elles ne partagent pas tes convictions et ta vision démente de la religion. Avec elles, le procès a été expéditif où tu as été à la fois procureur, juge et bourreau. Tu n’as pas à craindre la vengeance aveugle que tes actes pourraient entraîner, car tu as affaire à une société civilisée, dans laquelle même les pires criminels ont droit à un procès équitable, où les droits de la défense sont respectés et où ils peuvent bénéficier de la présence d’un avocat. Mais ce n’est visiblement pas ce procès qui t’inquiète. Au contraire, tu y vois une occasion d’insulter une fois de plus tes victimes et de fanfaronner comme si tu étais au-dessus des lois. Mais toi et moi nous savons où le bât blesse. Tu n’es pas mort en combattant, les armes à la main, comme tu t’y étais engagé au nom de ton délire religieux. Tu es vivant parce que tu n’as pas eu le courage de déclencher ta ceinture d’explosifs, avec un briquet, si le système de mise à feu ne fonctionnait pas.

Et ton existence est la preuve de ta couardise. Même les compagnons partageant ton idéologie malsaine ne t’ont pas cru quand tu as tenté de te justifier, et au fond de toi, tu sais que tu n’étais pas prêt. Donner la mort aux autres, ça, tu as pu le faire, et ô combien cruellement, mais la pitié que tu as refusée à autrui, tu l’as gardée pour toi et pour sauvegarder ta misérable existence. Et ça te ronge. Tu es obligé de clamer ton allégeance à un Dieu vindicatif et meurtrier. Pour quoi ? Pour qui ? Tu refuses de décliner l’identité de tes parents, comme s’ils devaient avoir honte de leur fils. Tu te plains de subir un enfermement et un isolement que tu tentes de contourner en voulant convertir les autres détenus. Qui essaies-tu de convaincre, si ce n’est toi-même ? Si tu avais vraiment voulu mourir en martyr, tu aurais tenté une sortie suicide, sans te laisser la moindre chance d’en réchapper. Maintenant, comme les proches des victimes de ton fanatisme, tu vas devoir vivre avec ça, et j’espère que cela te fera souffrir à la hauteur de ce que tu as infligé aux autres.