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Chassez le naturel
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 12 septembre 2020 10:23
- Écrit par Claude Séné
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Les Français adorent leurs présidents… quand ils ont quitté le pouvoir. Chirac n’a jamais été aussi populaire que lorsqu’il n’était plus aux affaires, et depuis sa mort, sa réputation n’a pas cessé de se bonifier. Même Valéry Giscard d’Estaing, malgré son image hautaine et aristocratique, qu’il tentait tant bien que mal de gommer en pratiquant une activité connotée comme « popu » et associée aux bals musette, l’accordéon, ne suscitait plus autant la détestation une fois retiré. Ce succès d’estime a cependant une limite : le charme disparait instantanément dès lors que l’ancien président manifeste la velléité de retrouver son siège perdu.
La leçon semblait avoir été entendue et comprise par le plus agité des anciens présidents, qui a tenté et manqué une première tentative de revenir au pouvoir, en ne se qualifiant même pas au deuxième tour des élections primaires organisées par ses supposés sympathisants, et c’est évidemment Nicolas Sarkozy, qui jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendra plus, tout en brûlant du désir d’ajouter que si l’on insiste, il cédera à l’amicale pression de la demande générale. En attendant ce jour heureusement improbable, il se console en faisant la promotion de ses bouquins de souvenirs, dans lesquels un public plutôt fourni espère glaner quelque secret d’État ou, à défaut, une révélation vacharde sur le personnel politique qui gravite autour des monarques républicains qui nous gouvernent. Pour booster les ventes et peaufiner une toute nouvelle image de sage au-dessus des partis, l’ancien président se fait tout sucre et tout miel, jouant tantôt la candeur naïve, tantôt le détachement de celui qui est revenu de tous ces honneurs finalement surfaits.
En somme, il nous joue la partition qui était naturelle chez Chirac, en tentant de passer pour « sympatoche » comme disaient Les Guignols. Patatras ! Le voilà qui se prend les pieds dans le commentaire dans l’émission de télévision, Quotidien, en mélangeant dans la même phrase les allusions aux mots nègres et singes, par maladresse, certes, mais aussi comme un retour du refoulé, aurait dit ce bon Sigmund. En cela, il ne fait d’ailleurs que reprendre le discours de celui qui semble lui servir de modèle après l’avoir traité de roi fainéant, qui, lui aussi, avait dérapé, en toute connaissance de cause, semble-t-il, en faisant allusion au bruit et l’odeur engendrés par les familles d’immigrés. Bien sûr, que ce soit Chirac ou Sarkozy, chacun vous jurerait la main sur le cœur qu’il n’est pas raciste pour deux sous, ou comme Donald Trump, qu’il est la personne sur terre la moins raciste. C’est presque pire. Cela démontre simplement que cette culture de la suprématie blanche est tellement intégrée et enfouie profondément que les porteurs de cette idéologie n’en ont même plus conscience.
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