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Impossible n’est pas français
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 25 octobre 2019 10:39
- Écrit par Claude Séné
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Il y a trois métiers réputés « impossibles » selon Sigmund Freud, qui ne faisait que reprendre une expression courante : éduquer, soigner et gouverner. Je réserverai les deux premiers à une prochaine occasion, qui ne manquera pas de se produire, pour me consacrer à la troisième « profession », si tant est qu’elle en soit une, et à ceux qui se sentent une vocation pour l’exercer. À la suite des évènements climatiques exceptionnels qui se sont produits ces jours derniers dans le sud de la France, des ministres se sont crus tenus de faire des déclarations.
Notamment, la ministre de la Transition écologique, récemment nommée, et qui jusque-là avait surtout brillé par sa discrétion, Élisabeth Borne, donc, habituée comme ancienne présidente de la RATP puis ministre des Transports, à justifier les trains qui n’arrivent pas à l’heure, a déclaré que « le bilan aurait pu être plus lourd ». Une manière implicite de prendre la responsabilité des pluies torrentielles qui se sont abattues sur le pays, alors que, pour une fois, le gouvernement n’y est vraiment pas pour grand-chose. Peut-être a-t-elle été traumatisée par la boulette de sa lointaine collègue, Dominique Voynet, au moment de la marée noire causée par le naufrage de l’Érica en décembre 1999. En vacances à la Réunion, la ministre verte de l’écologie avait déclaré malencontreusement que « ce n’était pas la catastrophe du siècle ».
Si le bilan aurait pu être plus lourd, il pourrait aussi l’être moins. En effet, le ministre de l’Intérieur et son secrétaire d’État, solidaires dans l’erreur, se sont empressés de publier les résultats de l’enquête à venir sur les victimes de « l’épisode méditerranéen » comme il est devenu habituel de l’appeler sans que le public en connaisse la définition exacte. De peur d’être accusés de minimiser les faits, comme si, eux aussi, ils s’attendaient à ce qu’on leur fasse porter le chapeau des aléas climatiques, les ministres ont « arrondi » à trois décès le bilan des dommages dus à la pluie et à ses conséquences. En réalité, seul un décès peut à l’heure actuelle être imputé directement aux évènements climatiques. Les deux autres, un automobiliste victime d’un malaise et un SDF décédé de cause inconnue n’ont probablement pas de lien avec les intempéries. Si gouverner est un métier si difficile, où il faut être capable de justifier jusqu’aux catastrophes naturelles, on peut se demander pour quelle raison il subsiste autant de volontaires pour l’exercer, alors qu’à première vue on ne peut y récolter que des reproches et des critiques, et très rarement des compliments. Je ne peux pas croire que cela ait quelque chose à voir avec le nom donné à la fonction ministérielle, qui veut que le domaine de compétence du ministre soit appelé « portefeuille ».