Le homard l’a tuer !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 11 juillet 2019 10:45
- Écrit par Claude Séné
C’est vraiment trop z’injuste. C’est en substance la ligne de défense de Calimero de Rugy, innocent comme le poussin qui vient d’éclore, épinglé par Mediapart pour ses dîners fastueux à l’hôtel de Lassay, du temps qu’il était président de l’Assemblée nationale. S’il s’était contenté de pâté Hénaff avec de la limonade, comme dans les agapes de mon enfance bretonne, il aurait pu s’en tirer. Mais il a fallu assouvir ses goûts de luxe et ceux de son épouse clinquante en se faisant servir du homard géant accompagné d’un château Yquem, ce qui, en plus d’être fort coûteux, est une faute de goût.
Ces petites sauteries étaient supposées s’adresser à des relations professionnelles, destinées à mettre de l’huile dans les rouages, des dîners « de travail », comme on les appelle pudiquement. François de Rugy annonce avoir fait baisser ce budget de 13 %. Admettons, mais ce n’est pas la question. Il en va tout autrement si ces banquets étaient destinés à faire la fête avec des amis personnels sur le compte de Marianne, bonne fille, mais quand même. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministre ne semble cultiver aucun complexe vis-à-vis des ors de la République. C’est la célèbre psychanalyste Françoise Dolto qui a décrit sous le nom de « complexe du homard » la situation difficile traversée par les adolescents quand ils doivent quitter leur ancienne carapace devenue trop petite et attendre que la nouvelle s’endurcisse. François de Rugy a quitté le perchoir pour le ministère de l’Écologie, comme il a abandonné sa famille politique d’origine : sans état d’âme, et apparemment sans scrupule exagéré.
Le homard est décidément un plat qui se mange froid et qui ne porte guère chance, comme en témoigne la récente mésaventure de l’ambassadeur d’Israël au Brésil. Invité par Jaïr Bolsonaro à un dîner, il a été photographié avec le président devant des assiettes de homard. Seul petit problème, la religion juive interdit en principe la consommation de coquillages et de crustacés. L’ambassade s’est donc empressée de « retoucher » de façon visible et maladroite les clichés diffusés sur les réseaux sociaux. Un remède pire que le mal, car il a assuré une publicité supplémentaire à un incident somme toute mineur à l’origine. Si le homard de François de Rugy passe si mal, c’est qu’il vient amener une contradiction flagrante entre les sacrifices demandés encore en ce moment à la population laborieuse au nom de l’écologie et le train de vie de certains élus qui se comportent en nouveaux riches. Le public est déçu de constater que le champion de l’écologie ne serait pas casher.
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