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Salut l’artiste !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 juillet 2019 10:47
- Écrit par Claude Séné
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À la question profession ? Bernard Tapie répond : acteur. Comme souvent avec lui, ce n’est qu’un demi-mensonge, ou une demi-vérité, comme il vous plaira. Personnellement, j’aurais plutôt dit « comédien », à la nuance près qu’il est l’homme d’un seul rôle, le sien, même lorsqu’il monte sur les planches d’un théâtre pour l’interpréter. Et dans la vie, personne ne peut l’incarner mieux que lui. Il a livré devant la 11e chambre correctionnelle peut-être sa meilleure prestation, et probablement la dernière.
C’est une véritable tournée d’adieu que nous a livré l’acteur, comédien, homme d’affaires, président de club sportif, chanteur, animateur de télévision, homme politique protéiforme. Il n’est jamais meilleur que quand il peut, la main sur le cœur, jurer qu’il est innocent comme l’agneau qui vient de naître et qu’il n’est pour rien dans les méfaits dont l’accusent les loups sanguinaires attachés à sa perte. Ah ! il est fort, le bestiau. Il a passé l’essentiel de sa vie à répéter ce rôle, tant et si bien qu’il a dû finir par se persuader lui-même qu’il était toujours accusé à tort et victime d’un complot destiné à le faire tomber, ourdi par des rivaux et des envieux de sa réussite. Et le plus beau, c’est que ça marche ! Enfin, parfois.
Dans ce procès en tout cas, la « combine à Nanard » a été applaudie par la cour, qui a relaxé purement et simplement Bernard Tapie, en considérant qu’il n’y avait pas eu de fraude pour obtenir un arbitrage favorable dans l’affaire qui l’opposait au Crédit lyonnais. Il doit toujours cependant rembourser l’argent qui lui a été attribué à tort. Comprenne qui pourra. L’avantage, c’est que les autres justiciables sont blanchis automatiquement. L’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, condamnée elle-même et dispensée de peine par la Cour de justice de la république, Stéphane Richard, peut donc vaquer tranquillement à ses occupations à la tête d’Orange. Rien ne permet de dire qu’il y a eu des pressions politiques dans ce sens, rien ne permet d’affirmer le contraire non plus. Disons que ça arrange tout le monde de ne pas remuer le couteau dans la plaie au moment où l’ancienne ministre, devenue directrice du FMI, s’apprête à prendre la tête de la Banque centrale européenne. Le parquet, soumis au pouvoir, fera-t-il appel de ce jugement ? Rien n’est moins sûr. Depuis 25 ans que dure ce feuilleton judiciaire, un rappel ou un bis pourrait se heurter à l’état de santé du principal protagoniste. S’il devait être un jour condamné de nouveau, Bernard Tapie ne retournerait probablement pas en prison, et il y a peu de chances qu’il puisse faire un dernier tour de piste.