Qu’ils mangent de la brioche !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 9 juillet 2019 10:39
- Écrit par Claude Séné
Ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! Ce fameux conseil a été attribué à Marie-Antoinette. Il aurait été prononcé pendant la disette de 1789, et illustrerait le grand écart entre les grands de ce monde et le peuple soumis aux restrictions. Si nous ne subissons plus les grandes famines de nos jours, du moins dans nos pays dits développés, nous ne sommes pas à l’abri de toutes les pénuries. Et il en est une parfaitement scandaleuse, c’est le manque de disponibilité de certains médicaments de première nécessité.
La situation n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave. Elle touchera en 2019 environ 1200 traitements qui seront en rupture de stock ou en tension d’approvisionnement. Certains produits sont particulièrement sensibles. On a manqué de vaccins, de traitements anticancéreux, de corticoïdes, d’antibiotiques pour ne citer que ceux-là. La raison profonde de ces difficultés réside dans l’organisation du marché des médicaments. Les laboratoires restreignent l’approvisionnement pour éviter de se faire concurrencer par la revente sur des marchés parallèles et faire des profits maxima dans les pays « rentables ». La situation est suffisamment inquiétante pour avoir alerté la ministre de la Santé, Marie-Antoinette Buzyn, qui a aussitôt annoncé un plan, une feuille de route, en bonne macronienne, à défaut de volonté politique de tordre le bras aux marchands du temple, pour organiser la pénurie. Le « plan » consistera essentiellement, si j’ai bien tout compris, à mieux informer le public sur les circuits des médicaments.
Les heureux possesseurs de jambes de bois seront satisfaits de pouvoir y apposer le cautère ministériel, mais les associations de défense des droits des patients estiment que le compte n’y est pas et que l’état devrait exercer son droit de contrôle sur les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, comme l’y autorise la loi. Livrés à eux-mêmes, les laboratoires iront toujours dans le sens de la rentabilité et tâcheront de faire adopter des médicaments de plus en plus couteux au détriment des produits de base, qui rapportent moins. Ils nous vendront de la brioche après avoir cessé de fabriquer du pain. Confrontés au risque d’interventionnisme de l’état, les industriels du médicament ont déjà prévenu qu’il faudrait s’attendre à un renchérissement des produits et ont mis en garde contre des contraintes pires que le mal. Ces cris d’orfraie sont largement inutiles. Le gouvernement n’a aucune intention de s’attaquer aux laboratoires qui sont pourtant à l’origine des difficultés récurrentes de la Sécurité sociale, du moins pour les allopathes. Il préfère réserver ses coups à l’homéopathie en cédant aux lobbies scientistes pour faire des économies dérisoires sur des traitements plébiscités par les trois quarts des Français.
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