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Ne pas se tromper de combat
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 avril 2019 10:54
- Écrit par Claude Séné
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Une polémique semble se dessiner au sujet des « grands donateurs » qui vont verser des sommes considérables pour financer la reconstruction de la cathédrale de Notre Dame de Paris. On accuse notamment les milliardaires français de profiter de l’occasion pour en faire une opération de communication, voire de publicité. Deux d’entre eux, Bernard Arnaud pour le groupe LVMH, qui donnera 200 millions et François Pinault, qui participera pour 100 millions d’Euros au nom de son groupe familial, ont fait savoir qu’ils renonçaient à l’avantage fiscal prévu en pareil cas.
Dont acte. Mais l’essentiel est ailleurs. Si des personnes aussi richissimes peuvent se donner bonne conscience en rendant une petite partie de la fortune qu’ils ont accumulée grâce au travail fourni par leurs employés à tous les échelons, et aussi, en effet, par leurs propres décisions stratégiques, c’est une chose. Il n’en reste pas moins que la répartition entre le capital et le travail n’a cessé de se déséquilibrer en faveur des actionnaires depuis bien longtemps, et qu’une partie de cet argent gagné aurait dû profiter à ceux qui ont créé de la richesse au sein de l’entreprise. Mais allons plus loin. Les sociétés dont il est question ne sont pas celles qui payent le moins leurs employés, sans parler des PME qui tirent souvent le diable par la queue, des petits retraités, de ceux qui doivent se contenter des minimas sociaux, ou parfois ne bénéficient plus d’aucune aide. Jamais notre société, pourtant parmi les plus riches au monde, n’aura développé autant d’inégalités.
Alors, si les bénéfices et les dividendes des sociétés les plus riches brûlent tellement les poches de leurs dirigeants au point de pouvoir débloquer des sommes aussi importantes sans que cela leur pose le plus petit souci, il ne faut pas qu’ils se gênent. Peu m’importe leurs motivations. Que le gouvernement leur offre une porte de sortie pour y mettre leurs dons en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Cela s’appelle de la solidarité. Qu’ils fassent honte à celui qui les a jugés incapables de la moindre générosité, en les empêchant d’acquitter l’impôt qui avait été créé pour cela, et qu’ils effectuent une contribution volontaire, dans l’esprit qui a présidé à l’instauration de la fiscalité et que l’on a complètement perdu de vue de nos jours. Le président, qui prétend réformer la France contre ses ressortissants, aura-t-il le courage de mener à bien une refonte complète des impôts, sur laquelle tous ses prédécesseurs se sont cassé les dents ? Lui qui prétend dépasser le clivage entre la gauche et la droite, il montre clairement par son refus de l’obstacle de quel côté penche son portefeuille.