Dissuasion

« Alors, tu vas parler de quoi dans ton billet, demain ? La condamnation de Sarkozy, je suppose ? » me disait hier ma lectrice de la première heure, mon invitée que vous retrouvez tous les dimanches ici même dans des chroniques toujours très documentées et intéressantes. « Écoute, je ne sais pas, je n’ai pas encore choisi mon sujet. J’essaie de coller à l’actualité, et c’est vrai que les aventures judiciaires de Sarko, ça commence à sentir un peu le réchauffé. » À bien y réfléchir, je vais quand même me saisir de ce sujet, ne serait-ce qu’en souvenir du temps où Nicolas Sarkozy défrayait toujours la chronique de votre humble serviteur en suscitant une polémique tous les jours, ou presque. 

La main tremblante

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en visite à Mayotte dans le 101e département français, en proie à des manifestations d’une partie de la population contre l’immigration massive sur l’île, a tenté de calmer les protestataires en annonçant la remise en cause du droit du sol sur ce département. Une telle mesure porterait clairement atteinte à l’égalité des droits entre citoyens français, et nécessiterait à l’évidence une révision de la Constitution, qui est loin d’être acquise. Rappelons que pour être adoptée une loi de révision doit d’abord être votée dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale et au Sénat, avant d’être adoptée, soit par référendum, soit par les députés et les sénateurs réunis en Congrès à la majorité des trois cinquièmes.

Gouverner c’est prévoir

Cette formule d’Émile de Girardin, extraite de son ouvrage « La politique universelle » paru en 1852, s’impose à tous comme une évidence, et l’on oublie généralement la suite : « ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte ». Sommes-nous gouvernés ? Assurément, oui, bien que certains membres du gouvernement ont pu nous donner l’impression du contraire, au point que l’absence de titulaires dans la moitié des ministères jusqu’à un passé récent, n’a pas fait apparaitre de manque vraiment criant. Avoir un gouvernement dument désigné par le président de la République ne préjuge pourtant en rien de son efficacité.

La patrie reconnaissante

Autant de son vivant, Robert Badinter a pu être controversé, voire détesté, objet de toutes les attaques politiques du fait de son engagement à gauche, et cible des discours haineux à cause de son combat pour l’abolition de la peine de mort, autant il semble faire l’unanimité à son décès survenu le 9 février dernier à l’âge de 95 ans. Il ne s’agit pas seulement du phénomène bien connu qui veut que les défauts du défunt disparaissent avec le dernier souffle exhalé, et que les critiques fassent une trêve dans les polémiques éventuelles en oubliant momentanément les griefs parfois importants et les divergences qui les opposaient au disparu. Robert Badinter était devenu, non seulement un ministre de la Justice, mais l’incarnation même du combat pour la Justice.