Je suis routier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 23 mai 2016 10:09
- Écrit par Claude Séné
Allez, c’est décidé. J’ai été Charlie, j’ai été Génération Bataclan, je suis désormais routier, et j’invite tous mes concitoyens à en faire autant. Tous ensemble, soyons routiers. D’abord, parce que les routiers sont sympas, c’est bien connu. Au point qu’il aura suffi qu’ils menacent de bloquer le pays pour que le gouvernement s’en rende compte et se dise qu’un tel capital de sympathie méritait bien une petite récompense. « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, les gars ? Qu’on vous garantisse les heures sup majorées à 25 % ou plus, même si votre patron veut les ramener à 10 % ? Eh bien, c’était pas compliqué, il suffisait de demander gentiment ! »
Si ça se trouve, tout ça n’est qu’un énorme malentendu. S’il est possible de faire un régime dérogatoire pour les routiers, ce ne doit pas être si difficile d’aménager la loi travail pour que chaque catégorie professionnelle s’y retrouve. Il suffit de décider que l’exception devient la règle et le tour est joué. De cette manière, le Premier ministre et le président sauvent la face, il y a bien une loi. Nous autres les Français, les lois, on adore ça. Et elle ne s’applique à personne, donc tout le monde est content. Comment ? Sauf la droite et le Medef ? Bon, de toute façon, ça fait un moment qu’ils crient à la garde et dénoncent un texte qui n’exploite pas assez le petit peuple. À part le retour à l’Ancien Régime, je ne vois pas ce qui pourrait les satisfaire pleinement.
En tout cas, cette soudaine compréhension des problèmes des routiers est un évènement très encourageant. J’avoue que je n’ai pas été le dernier à penser que ce gouvernement n’écoutait ni n’entendait personne. En réalité, il est juste un peu dur d’oreille. Il « entend haut » comme on dit. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à hausser le ton, ou même à prendre le porte-voix ou le mégaphone pour bien se faire comprendre. On l’avait déjà remarqué avec les paysans ou les bonnets rouges, dont les revendications ont été mieux entendues que beaucoup d’autres. On remarquera aussi que pour s’adresser à un gouvernement malentendant, il n’est pas mauvais de joindre le geste à la parole, histoire d’illustrer le propos, ça devient tout de suite plus parlant. Par moments, il est nécessaire d’employer le langage des signes. Par exemple, le blocage des raffineries et des dépôts de carburant a l’air d’être un signe très bien interprété par ceux auxquels il s’adresse, bien qu’ils prétendent le contraire. Allons, tout n’est pas perdu : nous sommes tous routiers !
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