Ouf !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 24 mai 2016 10:20
- Écrit par Claude Séné
On s’était presque résigné à la victoire de l’extrême droite à l’élection présidentielle en Autriche, tant l’avance que détenait le candidat populiste au premier tour semblait difficile à rattraper. On imaginait déjà le discours triomphaliste du Front national, avec qui le FPÖ de Norbert Hofer a noué des alliances au parlement européen. Marine Le Pen n’aurait pas manqué de présenter ce succès attendu comme un présage pour nos propres scrutins en 2017. Même si c’est d’extrême justesse, la défaite du candidat nationaliste va peut-être casser un peu la dynamique des partis qui se présentent comme antisystème alors qu’ils ne visent qu’à remplacer le pouvoir par un autre, à leur profit exclusif.
C’est donc le soulagement qui prévaut à l’annonce des résultats, un peu comme pour les régionales en France, où l’on craignait que le FN n’emporte la majorité dans deux des nouvelles grandes régions. La menace n’a pas disparu pour autant, ni en Autriche ni en France. Quand un parti d’extrême droite, bien qu’il s’en défende, frôle la majorité absolue au deuxième tour après avoir recueilli plus du tiers des voix au premier, on ne peut que s’inquiéter pour la démocratie. Plus encore qu’un vote d’adhésion pour des thèses rejetant l’immigration, il faut considérer que ce scrutin signe l’échec des partis qui exercent le pouvoir depuis la 2e guerre mondiale. Le Lionel Jospin local, représentant le parti social-démocrate, était crédité de 21 % d’intention de vote dans les sondages, à égalité avec Norbert Hofer. À l’arrivée, il ne fera pas mieux que son concurrent et allié du parti populaire avec 11 % des suffrages.
Les Autrichiens, avec ce scrutin serré, ont gagné un sursis jusqu’à leurs élections législatives de 2018. Il ne faudrait cependant pas considérer que ce vote signe la victoire de l’écologie, même si Alexander Van der Bellen a présidé les Verts entre 1997 et 2008. Sa base électorale est bien fragile et les partis traditionnels ne l’ont pas soutenu officiellement pour le 2e tour. Il n’a dû son succès qu’à un réflexe citoyen de dernière minute, mais d’une bien moindre ampleur que celui des Français après le 21 avril 2002. Le parti de Norbert Hofer a en effet réussi ce que recherche obstinément le Front national depuis que Marine Le Pen en préside la destinée : la banalisation de ses idées, ce que nous appelons la dédiabolisation, et qui n’est encore que partiellement réalisé, par chance pour nous. L’exemple autrichien, qui reflète une tendance lourde de la politique en Europe : la montée de l’extrême droite et la droitisation des mentalités en général, doit nous alerter sur ce risque majeur : le pire n’est plus exclu.
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