
À personne ou à tout le monde
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 avril 2025 11:06
- Écrit par Claude Séné

Donald Trump a signé récemment un de ces décrets qu’il adore mettre en scène pour signifier qu’il détient le pouvoir absolu en tant que dirigeant du pays le plus puissant économiquement. Cette fois-ci, il s’agit d’encourager officiellement l’extraction minière sous-marine par les entreprises américaines au mépris de toutes les réglementations existantes. Si les pays riverains des mers et des océans ont la main sur leurs eaux territoriales, une bande de 12 milles marins soit 22 km environ, les zones au large font l’objet de conventions internationales reconnues en principe par tous les états, et n’appartiennent à personne en particulier.
Il en va de même pour les fonds marins, et notamment pour les fosses abyssales qui seraient des réserves gigantesques de minerais et de terres rares dont l’électronique fait un usage massif et qui deviennent, à ce titre, stratégiques. Interrogé à ce sujet sur France Info, Olivier Poivre d’Arvor, le frère de l’autre, à titre d’Ambassadeur des pôles, un poste honorifique où il a succédé en 2020 à Ségolène Royal, a répondu avec une candeur désarmante que Donald Trump serait bien obligé de se plier au droit international. Ah ! bon… et depuis quand, s’il vous plait ? Le président américain n’a de cesse d’imposer son intérêt, quitte à se retirer des instances internationales quand elles ont le mauvais goût de l’empêcher de tourner en rond et de suivre son inspiration du moment, forcément géniale bien qu’il en change souvent. Il semble ignorer qu’il existe une Autorité internationale des fonds marins qui a compétence sur le sujet et s’il le sait, il s’en moque totalement. Pour récupérer les « galets » contenant manganèse, nickel, cobalt ou cuivre, gisant à 4 ou 5 mille mètres de profondeur, les navires devront racler les fonds et mettre en péril tout l’écosystème. Mais Trump n’en a cure. L’environnement n’est même pas le cadet de ses soucis, à peine un cousin très lointain.
Les océans n’appartiennent en droit à personne, mais l’interprétation qu’en fait l’administration américaine, c’est qu’ils appartiendraient donc à tout le monde, et par conséquent en priorité aux plus rapides ou aux plus forts. Il ne fait rien d’autre dans ses discussions actuelles avec la Russie pour dépouiller l’Ukraine en se partageant les dépouilles selon le rapport des forces respectives. Si les Américains se sont empressés de planter leur drapeau sur le sol lunaire en 1969, il ne faut pas y voir seulement la matérialisation d’une victoire de prestige dans la course spatiale. Les planètes, à commencer par Mars, seront peut-être les futurs enjeux d’une compétition commerciale, en constituant d’énormes réserves minières livrées à l’appétit insatiable de dirigeants cupides.