
Priorité au direct
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 25 avril 2025 10:46
- Écrit par Claude Séné

Je n’avais évidemment pas prévu de consacrer une chronique à l’attaque au couteau qui s’est produite hier dans un établissement privé de Nantes, mais j’ai été, comme tout le monde, sidéré par ce fait divers, notamment en raison de l’âge des protagonistes, des adolescents d’une quinzaine d’années. La première pensée doit aller aux victimes, la jeune fille de 15 ans assassinée violemment, sans motif apparent, et trois autres élèves dont l’un a son pronostic vital engagé. L’auteur présumé des faits, âgé de 15 ans lui aussi, n’était pas connu des services de police et n’avait pas d’antécédents d’aucune sorte, en l’état actuel de l’enquête.
Placé en garde à vue, son état mental amenait le parquet à prononcer son internement d’office après un examen psychiatrique. De nombreuses questions restent cependant sans réponse. Le suspect serait d’un profil dépressif selon ses camarades. Il a envoyé un mail contenant une sorte de manifeste extrêmement documenté sur l’état de la terre et de la société quelques minutes avant son passage à l’acte. Le texte en question n’annonce pas son projet meurtrier ni ne vise à le justifier. Le style est celui d’un essayiste, écrit sans fautes et dans une langue soutenue, il ne proviendrait pas d’une intelligence artificielle, dont il a pourtant l'apparence. Son argumentation évoquerait plutôt pour moi une composante maniaque, mais aucun diagnostic ne peut évidemment être posé à distance. On ignore si le suspect, qui avait en sa possession deux couteaux et une arme factice, avait prémédité son attaque et quelle en était la motivation exacte. L’enquête devra établir si son discernement était ou non altéré, ou aboli, ce qui pourrait l’empêcher d’être jugé, ou, à l’inverse, bénéficier de l’excuse de minorité.
À titre personnel, je m’interroge sur les raisons qui ont poussé la mère, divorcée, habitant la banlieue de Nantes, à scolariser ses enfants dans un établissement privé bénéficiant d’une bonne réputation. Les partis politiques et le gouvernement se sont naturellement emparés de l’affaire. Sans surprise, aussi bien le Premier ministre, que le ministre de l’Intérieur ou le Rassemblement national, ont brandi l’épouvantail de l’ensauvagement présumé de la société, contre lequel l’arsenal répressif devrait être largement déployé. Le remède miracle des vautours à l’affut s’inspire largement de celui utilisé aux États-Unis avec la mise en place de portiques détectant les métaux, aux résultats assez peu convaincants. Rien ne peut remplacer l’action éducative basée sur le facteur humain. C’est d’ailleurs le responsable informatique qui, à Nantes, a réussi à maîtriser le suspect avant qu’il n’ait le temps de blesser ou tuer d’autres élèves. L’éducation nationale, qui peine à obtenir les moyens de l’engagement du gouvernement à mettre un professeur devant toutes les classes, souffre aussi du manque de médecins scolaires, d’infirmières ou d’assistantes sociales scolaires, ou de psychologues, dont on redécouvre l’utilité quand de tels événements se produisent.