Mouroir méchant mouroir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 14 juillet 2024 10:20
- Écrit par L'invitée du dimanche
Dis-moi comment faire pour quitter dignement cette vallée de larmes.
La réalité est cruelle, plus on avance en âge, plus nous perdons une partie de notre autonomie, jusqu’à devenir dépendant.
La société a prévu des structures pour accueillir un public âgé dépendant, qui ne serait pas gardé dans sa structure familiale personnelle. À part quelques initiatives, au nombre confidentiel, de maisons partagées, par unité de huit personnes avec auxiliaire de vie, ou des accueils familiaux, les EHPAD restent les institutions dédiées à la prise en charge des personnes dépendantes.
Il y a 11 000 structures d’hébergement de ce type pour 770 000 places.
On distingue les EHPAD publics, et les EHPAD privés. Les EHPAD publics relèvent soit du conseil général, du département, ou d’entreprises publiques avec conseil d’administration.
Les EHPAD privés, à but lucratif, n’ont pas forcément une bonne réputation depuis le scandale Orpea, elles sont la propriété de groupes privés, ou d’associations, ou de mutuelles (1800 structures) ou de caisses de retraite.
Le prix moyen d’un séjour en EHPAD public est de 2000 € et varie selon le département.
Accueillant pour une grande part des personnes à faibles ressources financières, ces dernières peuvent bénéficier de l’APA (Allocation personnalisée d'autonomie) et autres aides sociales. La liste d’attente est de trois ans quatre mois.
Le séjour en EHPAD privé est en moyenne de 2800 € par mois avec des qualités de prestations que n’offrent pas les EHPAD publics, l’attente d’une place est de six mois.
La durée moyenne de séjour en EHPAD est de trois ans quatre mois pour un âge moyen de 89 ans, un quart des résidents sont transférés en hôpitaux pour la fin de vie.
Chaque EHPAD doit avoir un médecin coordinateur, cependant 15 % d’entre eux n’en ont pas faute de candidats !
J’ai rendu visite à mon frère, âgé de 98 ans, et hébergé dans un EHPAD public dont le site vante l’environnement, l’accueil de 130 résidents et les prestations proposées, la réalité sur le terrain est moins rose ! J’ai trouvé mon frère dans une chambre exiguë, mal entretenue, en désordre, peu de rangement vestimentaire (de toute façon, une partie des vêtements a été perdue et remplacée par une taille qui ne convenait pas) une télévision au mur, trop éloignée et trop haute, impossible à regarder, un accès à l’espace sanitaire compliqué pour un déambulateur. Le pire étant le manque d’aide pour un aller aux toilettes urgent, nous avons joué les assistants. Le coût du séjour : 2200 €.
Je passe sur l’ambiance des couloirs sombres, de l’impression de solitude et de désespoir donnée par les résidents aperçus dans les chambres qui restent ouvertes.
« Je n’en peux plus », a soupiré mon frère, me brisant le cœur !
Ma grande sœur de 94 ans est accueillie dans un EHPAD privé géré par des mutuelles qui accueillent 83 résidents par unité de 30, chaque résident ayant un référent en cas de besoin.
Chaque chambre est spacieuse, claire, on peut y apporter ses meubles, recréant un peu son ancien univers, et sa télévision regardable !
Il y a un vrai parc, on rencontre des personnels souriants. Il y a de vrais espaces collectifs, salons de jeux, bibliothèque, cinéma, des animations et la prise en compte du maintien physique avec des séances de gym, de kiné.
La différence de prix ne justifie pas, pour moi, la différence de qualité d’accueil, je pense que tout est une question de politique.
Avec la prévision en 2030 de 21 millions de personnes de plus de 60 ans, 3 millions de plus de 85 ans, il est urgent de revoir le modèle d’accueil, de stopper la financiarisation du grand âge, de s’orienter vers des structures à taille humaine, de prévoir régulièrement des contrôles de toutes les structures (moins de 20 % des EHPAD ont été contrôlés cette année) soit avec l’ARS soit l’IGAS pour éviter les dérives (on compte pas moins de 3000 morts par an de suicide de personnes âgées) notre président a hélas enterré la loi grand âge et autonomie, il faut en reprendre l’étude.
Dans l’avenir proche, l’âgisme va devenir une cause mondiale,
L’invitée du dimanche
Commentaires
Mourir, la belle affaire!
Mais vieillir, oh, oh vieillir
Jacques Brel "Vieillir" (album Les Marquises 1977)