L’homme à l’oreille cassée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 juillet 2024 10:41
- Écrit par Claude Séné
Impossible d’échapper à cette actualité aux multiples implications. Le candidat républicain à la présidence des États-Unis a été la cible d’une incroyable tentative d’assassinat et n’a dû son salut qu’à quelques centimètres dans la trajectoire d’un fusil tenu par un sniper apparemment maladroit. Donald Trump a été touché à l’oreille droite, un coup presque impossible s’il avait été volontaire. C’est cependant l’enjeu d’un début de controverse dans un pays où le public est prompt à adhérer à n’importe quelle théorie du complot, plutôt qu’à tenter d’établir des faits, scientifiques et vérifiables.
Car cette tentative d’assassinat est véritablement du pain béni pour la campagne de Trump, qui possédait déjà quelques points d’avance dans les sondages à la veille de la convention de son parti qui va l’investir officiellement dans la course à la présidence. De quoi lui donner un avantage éventuellement décisif, dans la mesure où Joe Biden, déjà en difficulté à cause de ses lapsus à répétition qui donnent l’image désastreuse d’un vieillard hésitant à la santé physique et morale chancelante, n’a eu d’autre choix que de soutenir son rival en condamnant fermement cet attentat. Cette tentative d’assassinat est véritablement providentielle, ce que le candidat a exploité sans la moindre vergogne en évoquant la volonté divine qui lui aurait sauvé la vie. Au point que l’on se dit que si la chance ne l’avait pas servi, il aurait dû envisager sérieusement de mettre en scène un tel épisode. Il existe certainement, aux États-Unis comme ailleurs, des tireurs d’élite capables de toucher une cible aussi petite qu’une oreille humaine à 150 mètres, une distance réduite pour les fusils modernes qui peuvent porter beaucoup plus loin avec une très grande précision.
D’ailleurs, certains démocrates ont évoqué la possibilité d’une capsule d’hémoglobine qui aurait été déclenchée au moment opportun comme dans les westerns pour simuler une blessure causant une perte de sang. Peu importe la vraisemblance, depuis que le même Donald Trump a inventé la vérité alternative, plus conforme à ses désirs que la vérité objective. Par ailleurs, c’est bien grâce au parti républicain que le lobby de la NRA a réussi à disséminer plus de 400 millions d’armes dans le pays et à installer des distributeurs automatiques de munitions. Trump a vécu, non par l’épée, mais par les fusils et ce serait presque justice qu’il en périsse. Nous constatons que le degré de violence déjà élevé dans notre pays est quand même encadré par une législation restrictive sur les armes à feu, qui n’empêche cependant pas la survenue ponctuelle de drames tels que la fusillade mortelle dans l’Allier au cours d’une fête familiale. Cette fois-ci, Donald Trump a vu la mort de près. « Le coup passa si près que le cheval tomba et que le chapeau fit un écart en arrière » aurait malicieusement paraphrasé mon père qui aimait à citer ainsi Victor Hugo, et sa conclusion généreuse : « donne-lui tout de même à boire ».