RSA : le non-dit
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 29 septembre 2023 10:41
- Écrit par Claude Séné
La commission des lois de l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi « pour le plein emploi » grâce au soutien de la droite et en dépit de son rejet par les partis de la NUPES et du rassemblement national. La disposition la plus controversée en était de conditionner l’attribution du revenu de solidarité active, le RSA, à une « activité obligatoire » de 15 heures par semaine, excepté des cas particuliers tels que l’existence d’un handicap avéré, ou la nécessité de garder un ou des enfants de moins de 12 ans. Après avoir rejeté au Sénat un amendement similaire des LR sur ces dispositions, le gouvernement a décidé de faire cause commune avec les Républicains pour obtenir leur soutien sur un texte définitif.
Depuis que les élections législatives ont acté le manque de consensus autour du président Macron, le clan présidentiel cherche désespérément une majorité pour voter ses textes sans avoir recours systématiquement au 49.3, qu’il utilisera cependant faute de mieux si nécessaire. Mais cela écorne l’image libérale du président et bat en brèche la fiction d’un grand rassemblement au centre des modérés de droite et de gauche. Avec cette alliance objective sur le dos des allocataires, le parti présidentiel a clairement choisi son camp, l’ouverture à droite, pour ceux qui en douteraient encore. Les contours de cette loi restent encore très flous, en particulier sur les « activités » imposées aux bénéficiaires, qui semblent plus vexatoires que réellement utiles. Ce qui n’est pas dit, mais qui se lit entre les lignes, c’est que les promoteurs de ces dispositions n’ont aucune confiance dans la volonté des bénéficiaires des aides sociales de tenter de retrouver du travail et qu’ils préfèreraient de beaucoup être payés, même moins, pour ne rien faire.
C’est dans un tel contexte qu’il convient d’apprécier l’effet désastreux d’une interview diffusée sur les réseaux sociaux d’un certain Sebydaddy, inconnu de mes services, mais apparemment suivi par des jeunes faciles à manipuler, en qualité d’ancien candidat de téléréalité et « influenceur » officiel. Ce garçon se vante avec inconscience de toucher le RSA bien qu’il habite désormais à Miami, grâce à une adresse en France. Il considère cette manne comme un dû, auquel il a droit, et démontre ainsi sa bêtise incommensurable en se dénonçant de lui-même pour cette fraude supposée. Selon la ministre chargée du dossier, il n’aurait aucun compte ouvert à son nom, mais le mal est fait. Il suffit d’une minorité d’irresponsables vantards pour jeter l’opprobre sur toute une catégorie de population et justifier des dispositions iniques sous prétexte que quelques-uns profitent indûment de la solidarité publique. Quand certains se demandent si le clivage entre la droite et la gauche se justifie encore, je les invite à réfléchir au type de société induit par une méfiance et une suspicion généralisées. Pour ma part, je préfère la main tendue à ceux qui en ont besoin.