Vingt ans après

On a coutume de dire que chacun se souvient avec précision de l’endroit où il se trouvait et ce qu’il faisait au moment des évènements marquants qui sont survenus dans un passé récent. Je dois reconnaître que je suis incapable de répondre à cette question en ce qui concerne les attentats du 11 septembre 2001, il y a donc exactement 20 ans. Pas plus que je ne me souviens de ce que je faisais le 22 novembre 1963, le jour de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, ou le 4 avril 1968, celui de Martin Luther King.

En revanche, je sais avec certitude où j’étais le 21 juillet 1969 quand Neil Armstrong a fait son « petit pas pour l’homme, et un grand pas pour l’humanité », mais je n’en ai aucun mérite, car l’évènement était programmé et retransmis à la télévision. Je dispose aussi d’un pense-bête pour les attentats de l’Est parisien le 13 novembre 2015, car je sais que je regardais le match amical de football France Allemagne à la télévision, et que j’ai entendu les explosions assourdies sans pouvoir les interpréter sur le moment. Les images des avions percutant les tours jumelles à New York ont tellement tourné, ce jour-là et par la suite, que suis incapable de me rappeler si j’ai vu ou non le deuxième avion percuter en direct la seconde tour, ou si tout était en différé. Un peu comme ces souvenirs de prime enfance que votre famille vous a racontés à de nombreuses reprises, au point de ne pas pouvoir distinguer les souvenirs personnels, vraiment mémorisés au moment où ils se sont produits, des souvenirs reconstitués à partir de récits entendus, des souvenirs par ouï-dire, en quelque sorte.

Passé le moment de stupeur devant une attaque sans précédent sur le sol américain, sanctuarisé dans l’esprit du public et brutalement confronté aux horreurs de la guerre, nous avons pensé que les représailles seraient terribles. Je crois que c’est un auteur des célèbres Guignols de l’info à Canal plus, très regardés à l’époque, qui a déclaré que les États-Unis allaient pouvoir justifier toutes leurs atteintes au droit international pendant au moins 50 ans. En voilà déjà 20 de passés et son pronostic est en passe de se réaliser. Le commanditaire des attentats, Oussama Ben Laden, n’a jamais été jugé et il a été exécuté sommairement au Pakistan, un état souverain, sans sommations, par un tireur d’élite. Les cinq accusés détenus dans la prison illégale de Guantanamo à Cuba sont toujours en attente d’un jugement par un tribunal militaire d’exception, après des aveux extorqués sous la torture, cependant que d’autres y sont toujours détenus sans preuve et que certains ont finalement été relâchés après que l’administration les ait reconnus innocents. Et le terrorisme n’a pas disparu pour autant.

Commentaires  

#1 massé 11-09-2021 11:16
si Alexandre Dumas avait été témoin , aurait-il su imaginer où nous en serions aujourd'hui...
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