Place des grands hommes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 13 juillet 2019 10:54
- Écrit par Claude Séné
C’est le titre d’une des chansons les plus connues de Patrick Bruel. Elle évoque la maxime inscrite au fronton du Panthéon, cette église transformée en monument à la gloire des figures marquantes de la République française. C’est donc un lieu très symbolique qui a été choisi par des organisations de sans-papiers pour exprimer leur demande de reconnaissance et leur droit à mener une existence digne. Réunis sous la bannière d’un collectif dit des « gilets noirs », plusieurs dizaines de manifestants ont occupé le monument pour demander à être reçus par le Premier ministre.
Les militants sont issus d’organisations qui fédèrent les 34 centres d’accueil de sans-papiers d’Île-de-France. Ils demandent la régularisation de ceux qui sont déjà sur le territoire français et le droit de rester pour les futurs arrivants. Car le paradoxe c’est que la France ne veut pas reconnaître officiellement les exilés économiques, mais ne met pas toujours en œuvre les modalités de retour dans les pays d’origine. Ce qui crée une population de main-d’œuvre bon marché, taillable et corvéable à merci, qui ne peut pas se plaindre de ses conditions de travail ni réclamer un salaire convenable. Ils sont forcément employés de manière illégale, ne bénéficient évidemment pas de la protection sociale due à tous les travailleurs et n’acquièrent aucun droit à une retraite hypothétique.
Comme leur nom de gilets noirs l’indique mal, ce n’est pas par une tenue vestimentaire particulière qu’ils se distinguent, à l’instar de leurs « cousins » gilets jaunes, mais par leur origine africaine, encore la source de la plus grande partie de l’immigration économique. Nous savons, et les dirigeants français ne peuvent pas l’ignorer, que le réchauffement climatique ne fera qu’amplifier les phénomènes migratoires, et qu’il faut s’attendre à de grands mouvements de population liés à la fonte des calottes glaciaires, à l’élévation du niveau des mers, à des phénomènes météorologiques violents, à la ruine de certaines formes d’agriculture traditionnelles. Les réfugiés climatiques seront les prochains boat people si l’on ne réussit pas à inverser la tendance. Le gouvernement français, par manque de courage politique, ne veut pas régulariser en nombre les nouveaux arrivants et prône toujours le « cas par cas », qui finit par être aussi coûteux, et se traduit par des souffrances et des vexations inutiles. On ne me fera pas croire que la 6e puissance mondiale ne peut pas absorber quelques milliers d’exilés, quoi qu’en dise le Rassemblement national et ses théories fumeuses du grand remplacement. La vérité c’est que le président Macron croit devoir ménager les populistes de la droite extrême, pour en faire ses principaux et si possible uniques opposants.