Justice pour tous ?

« Les animaux malades de la peste », que je vous invite à relire, est la première fable apprise par cœur, jamais oubliée, sûrement à cause de sa morale finale dans tout le monde se souvient :

« Selon que vous serez puissants ou misérables les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs », je ne vais avoir aucun mal à vous en prouver l’actualité, presque cinq siècles plus tard.

Je prendrai volontairement un exemple moins médiatisé que les grands procès faits aux criminels en col blanc pour lesquels on a beaucoup d’indulgence, de Cahuzac* à Sarkozy** en passant par Balkany*** et Tapie… les auteurs de délits financiers bénéficient d’une immunité relative engendrée par les processus législatifs, et en tout cas échappent généralement à la prison.

Cela se passe au tribunal de Montpellier, pour avoir volé un paquet de riz et une boîte de sardines parce qu’il avait faim dira-t-il au juge, un jeune homme de 18 ans est condamné à 2 mois de prison fermes. Au même tribunal, une élue siégeant au conseil régional comparait pour un détournement de 356 415 € de fonds publics. Elle sera condamnée à 4 000 € d’amende sur lesquels s’appliqueront 20 % d’abattement, et à sa demande le procureur accepte que la condamnation ne paraisse pas au casier judiciaire. La carrière politique ou professionnelle de Madame Négrier ne sera donc en aucun cas sanctionnée !

Pour enfoncer le clou, j’ajouterai, 60 % des condamnations à la prison ferme sont des citoyens sans emploi, 31 % ont moins de 300 € mensuels de revenus, contre 7 % avec plus de 1500 € de revenus, les risques de prison ferme pour une même infraction s’accentuent si vous êtes étrangers.

Le risque de prison ferme est d’autant plus grand quand on n’a pas les moyens financiers de se faire accompagner d’un avocat compétent, tout le monde ne peut pas se faire accompagner par Me Dupond Moretti ! De plus, toute personne se verra mise en détention provisoire si elle ne peut justifier d’un domicile, en fait, double peine.

Mais il y a plus dans cette fable que cette morale célèbre, toujours d’actualité, c’est l’hypocrisie du « roi », faisant croire à ses sujets qu’ils sont ses amis alors qu’ils ne sont que soumis à ses décisions jupitériennes, c’est aussi la recherche d’un bouc émissaire responsable des problèmes, la flagornerie des « courtisans » allant jusqu’à transformer en louanges les erreurs du monarque pour le soutenir coûte que coûte. L’âne représente assez bien tout cet électorat naïf qui prend le discours du pouvoir au pied de la lettre et trouve normal de payer pour sauver le pays, sans s’apercevoir que celui qui joue le rôle du procureur n’a que mépris et haine pour les faibles.

Heureusement, il reste des citoyens vigilants et lucides, un sur deux ne fait pas confiance à la justice, et reste critique sur les institutions qui, même démocratiques, n’ont qu’un seul but : maintenir l’ordre social établi.

L’invitée du dimanche

*il purge sa peine dans sa villa corse avec un bracelet électronique dur, dur, **il passe en correctionnelle 7 ans après les faits *** on attend le verdict en octobre 12 ans après les faits…