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Fausses notes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 5 juillet 2019 10:21
- Écrit par Claude Séné
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On se souvient encore de l’affaire du « vrai faux passeport » délivré à Yves Chalier en 1986 grâce à Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, pour lui permettre d’échapper à la justice dans le scandale du Carrefour du développement. Le faux passeport était plus vrai que les vrais puisqu’établi par les services officiels, en toute illégalité. Les responsables de ce déni de justice ne seront jamais poursuivis, en vertu d’un « secret défense » de complaisance. Le ministre de l’Éducation, en vrai faux jeton qu’il est, a imaginé un dispositif pour contourner le mouvement de grève des correcteurs du bac, aussi tordu que contraire à toutes les règles.
Les élèves sont en train de prendre connaissance de résultats obtenus dans la plus totale opacité, où les notes manquantes, quand elles ont été retenues par des professeurs grévistes, auront été remplacées par des fausses notes, purement fictives, obtenues sur la base d’un contrôle continu, au mépris de la règle d’anonymisation des copies. Ces notes provisoires seront susceptibles d’être modifiées si les copies corrigées sont finalement récupérées, la meilleure note étant cependant conservée, ce qui constitue une inégalité manifeste de traitement entre les candidats. De plus, les délibérations des jurys d’examen ont été perturbées et certains n’auront pas pu statuer valablement. Pour le grand public qui l’ignore, il existe une procédure non officielle qui consiste à déclarer admis les candidats à qui il ne manque que quelques points, chaque sous-jury étant souverain en la matière. Les distorsions de traitement des copies pourraient donner lieu à des réclamations, plus ou moins fondées.
Tout ça parce qu’un ministre buté, voire borné, se refuse à la moindre discussion, sans même parler de négociation, avec les enseignants sur sa réforme du bac qui vise à permettre à chaque établissement d’attribuer l’examen à sa guise, ce qui aboutit inévitablement à intensifier la compétition entre les lycées et à supprimer le caractère universel du diplôme. Dira-t-on du bac 2019 que c’est un examen au rabais, comme celui de 1968, passé dans des circonstances particulières ? Sur un CV, il faudra alors mentionner l’établissement dans lequel on a obtenu le diplôme, et les facs accentueront leur sélection en fonction de la réputation du lycée, en toute bonne foi, encouragées officiellement par le ministère. On voit très bien à quelle idéologie répond cette évolution à laquelle résistent les professeurs, et notamment les plus motivés, malgré des menaces de sanctions financières et administratives totalement disproportionnées et parfaitement illégales. Faute de pouvoir supprimer le droit de grève inscrit dans la Constitution, ce pouvoir essaie de le remettre en cause par l’intimidation. Des méthodes de faux témoins mais de vrais voyous.