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Monsanto, une bonne affaire ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 14 mai 2019 11:18
- Écrit par Claude Séné
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Quand le groupe allemand Bayer a réussi à finaliser son offre de rachat du célèbre industriel américain Monsanto, pour la coquette somme de 66 milliards de dollars en 2016, on suppose que ses dirigeants ont cru faire une bonne affaire. C’était compter sans les casseroles que traîne derrière elle la firme qui a inventé le gaucho, tueur d’abeilles, ou le round-up, fortement suspecté de causer l’apparition de cancers. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bayer vient d’être condamné à une indemnisation record de 2 milliards de dollars d’un couple américain.
Si la sentence est confirmée en appel, ce sera un coup dur pour le géant de l’industrie pharmaceutique, qui a déjà du mal à digérer l’investissement colossal qu’il a effectué. Après avoir cédé certaines participations non vitales pour le groupe, Bayer a prévu un vaste plan de restructuration passant par des cessions d’actifs et 12 000 suppressions d’emploi. L’action a déjà perdu 30 milliards d’Euros en Bourse, et les produits ne porteront plus la marque Monsanto, qui a trop mauvaise presse. Une mauvaise réputation aggravée par la découverte récente d’un fichage illégal de personnalités ou de journalistes selon leur degré d’hostilité au glyphosate, que le fabricant s’obstine à prétendre sans danger. Il déploie aussi une activité de lobbying intense et coûteuse, pour tenter de convaincre le public de l’innocuité de ses produits. Il prétend même se poser en défenseur d’une agriculture « saine et respectueuse de l’environnement » sur son site internet français.
Il va avoir du mal. Trop d’études concordantes vont dans le sens d’une suspicion très nette, alors que les analyses favorables au glyphosate sont entachées de biais qui ne doivent rien au hasard. La firme Bayer peinera aussi à se doter d’une image de bienfaiteur de l’humanité. Compromise avec les nazis en achetant des lots de déportés pour ses expériences, elle a aussi été mêlée à des scandales sanitaires comme l’huile frelatée en Espagne, les pilules contraceptives de 4e génération ou le sang contaminé. Sa dernière contribution positive au bien-être des humains remonte à 1899 avec l’invention de l’aspirine, mais elle a contribué ensuite à la mise au point du Zyclon B, un raticide et insecticide utilisé par les nazis dans les chambres à gaz. Au-delà du rachat des activités phytosanitaires de Monsanto, Bayer a aussi racheté sa mauvaise foi. La tactique n’a toujours pas changé. On commence par prétendre n’être au courant de rien. Devant l’évidence, on admettra les faits en les minimisant, et en dernier recours on sortira l’armée de juristes et d’avocats pour payer le moins possible. Avec la condamnation record de cette semaine, la donne pourrait bien avoir changé.