Esprit es-tu là ?

Si vous pensez au spiritisme « à l’ancienne », mains posées sur un guéridon, tous en rond, yeux clos, attendant une réponse, un coup pour oui, deux coups pour non, comme dans la chanson des Frères Jacques, « la queue du chat », passez votre chemin. La manipulation de la crédulité humaine n’est pas moins grande qu’à cette époque, mais les méthodes ont changé. Le pouvoir aux abois a appelé à la rescousse une grande figure d’un passé récent pour tenter de dynamiser une campagne moribonde. Il ne s’agit de rien de moins que Simone Weil.

Et voilà donc que la république en marche fait parler les morts, puisqu’Agnès Buzyn a déclaré sans sourciller que Simone Weil aurait voté pour la liste Renaissance, celle du parti présidentiel, si elle avait encore été de ce monde. Ça ne mange pas de pain et surtout il y a peu de chances qu’une voix d’outre-tombe s’échappe du Panthéon où elle repose pour démentir une affirmation pourtant très hasardeuse. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi la majorité présidentielle s’est arrêtée en si bon chemin. Elle aurait pu réclamer le parrainage du général de Gaulle, quitte à le faire se retourner dans sa tombe, de Jeanne d’Arc, si celle-ci n’avait pas déjà été préemptée par le rassemblement national, ou encore de Jésus-Christ, bien que le messie a été revendiqué par le mouvement hippie des années 60. Peu importe et pourquoi pas ! le rassemblement hétéroclite actuellement aux manettes a ratissé large pour y parvenir et n’est plus en état de faire la fine bouche pour tenter de s’y maintenir.

Si les communicants de l’Élysée n’hésitent pas à donner la parole aux défunts, il leur est encore plus facile de faire parler les vivants. Vous aurez remarqué à quel point le petit discours lu par un des deux otages français libérés au Burkina Faso était politiquement correct. Tout y était : condoléances, remerciements, excuses soigneusement calibrées pour leur imprudence… un exercice de style remarquable si l’on considère que ce n’est pas son métier, qu’il a eu peu de temps pour l’écrire et qu’il sort d’une épreuve dans laquelle plus d’un professionnel aurait perdu ses moyens. Non, vraiment, si la déclaration avait été écrite par une des « plumes » du président, elle n’aurait pas été mieux troussée, ni plus utile à la communication officielle en période de crise. Peut-être en a-t-il fait un peu trop sur le mea culpa, en écho à la critique du ministre des Affaires étrangères, qui a ouvert une polémique inutile et stérile ? Quoi qu’il en soit, si ce monsieur cherche une reconversion, il a un avenir tout tracé dans l’écriture au service de Sa Majesté.

Commentaires  

#1 jacqueline.masse305@ 13-05-2019 10:35
on ne nous épargne rien!!!
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