Cherchez l’intrus

Vous allez dire que je m’acharne sur ce pauvre Castaner. Habituellement, je m’abstiens de frapper un homme à terre ou de tirer sur une ambulance, mais là, il l’a bien cherché. Ou bien il se rend compte qu’il a fait une grosse bêtise en qualifiant d’attaque les évènements qui ont poussé des manifestants à se réfugier dans l’enceinte de l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, et il la reconnait, sans se chercher d’excuse, ou il fait comme d’habitude en niant tout en bloc. Au lieu de quoi il s’enferre en parlant d’intrusion, qui n’est guère moins péjoratif qu’attaque.

En parlant d’intrusion, les images tournées par l’équipe de Quotidien à l’occasion de la visite de la ministre de la Santé dans ce même hôpital sont édifiantes. Tout d’un coup, la tranquillité des patients dans ce service de réanimation était reléguée au second plan. Le cirque médiatique, beaucoup plus intrusif que les manifestants, pouvait se déployer en toute illégalité bruyante pour servir la cause du pouvoir et de la ministre. Je n’ai pas entendu Christophe Castaner, ni la directrice de l’hôpital, s’émouvoir de cette intrusion médiatique, largement plus risquée d’un point de vue microbiologique que quelques personnes cantonnées dans le parc et qui n’ont jamais pénétré dans le service.

Avec un peu de recul, on voit bien que les déclarations du ministre de l’Intérieur n’ont rien de spontané. Il a cru pouvoir impunément jeter le discrédit sur les manifestants, et ce n’est que justice qu’il en paye le prix, au nom d’un pouvoir qui se croit décidément tout permis, y compris en tordant le langage à sa guise à la manière d’un Donald Trump. D’une certaine façon, Martin Hirsch lui a volé la palme de la mauvaise foi en déclarant que l’on était passé tout près d’une catastrophe qui n’a existé que dans ses fantasmes, et qu’il semble regretter tout en versant des larmes de crocodile. Mais je dois saluer surtout la performance de la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui a réussi à commenter des évènements qui ne se sont pas passés, en se demandant : « Qu’est-ce qu’on sait des dégradations qu’ils auraient pu commettre s’ils avaient pu rentrer dans ce service de réanimation ? » Oui,qu’est-ce qu’on en sait ? Ben, rien, puisque cela n’a pas eu lieu, ni de près ni de loin. En revanche, je serai d’accord avec elle quand elle estime que l’hôpital est un sanctuaire. Elle devrait le rappeler aux forces de l’ordre, qui ont poursuivi les manifestants qui s’y étaient réfugiés. On voit par-là que rien n’a vraiment changé depuis que les CRS évacuaient les sans-papiers de l’église Saint Bernard en forçant les portes à coup de hache en 1996. Le ministre de l’époque s’appelait Jean-Louis Debré.

Commentaires  

#1 jacqueline.masse305@ 04-05-2019 11:38
impossible de virer Castaner, y a plus personne dans le "vivier" pour le remplacer… Macron va devoir faire encore avec sa bande de pieds nickelés et nous aussi
Citer