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Des chiffres et des mots
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 24 décembre 2018 10:47
- Écrit par Claude Séné
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Vous avez remarqué, depuis le début de la contestation des gilets jaunes, il n’y a pas eu la polémique habituelle sur les chiffres de la mobilisation. En général, la participation estimée par les autorités et celle avancée par les organisateurs, après avoir varié du simple au double dans les années 70, différaient d’un facteur multiplicateur par 5 ces dernières années. Au point qu’un collectif « indépendant » s’était créé à l’initiative de journalistes pour un comptage supposé objectif dans l’espoir de mettre tout le monde d’accord. En pure perte, naturellement.
Les chiffres annoncés pour les manifestations des gilets jaunes ne sont contestés par personne, dans la mesure où le mouvement n’a pas d’organisateurs déclarés. Ce qui ennuie bien le gouvernement, qui voudrait pouvoir discuter avec des représentants capables de négocier au nom de mandants et de faire appliquer les décisions prises. Au point de désigner lui-même des porte-paroles dans un premier temps, et tout récemment, de promouvoir un gilet jaune influent, Éric Drouet, comme organisateur d’une manifestation non déclarée pour pouvoir le poursuivre en justice. Il fera également l’objet d’un procès pour port illégal d’une arme de catégorie D. Je vous fais partager mon savoir tout frais : la catégorie D regroupe des armes dont l’achat et la détention sont libres, mais le port ou le transport sont réglementés. En l’occurrence, il s’agirait d’une « sorte de matraque », ce qui laisse libre cours à votre imagination. Nous savons que le mouvement des gilets jaunes agrège des composantes hétéroclites et que ce sont loin d’être tous des enfants de chœur. La mouvance d’extrême-droite notamment tente d’utiliser et de regrouper le mécontentement populaire à son profit. Faute de pouvoir éteindre la contestation, qui se réduit en nombre, mais qui se renforce en détermination, le gouvernement tente de discréditer le mouvement, en utilisant tous les moyens disponibles.
C’est le porte-parole, Benjamin Grivaux, qui amalgame tous les manifestants dans une figure unique « lâche, raciste, antisémite, putschiste ». C’est aussi Christophe Castaner ou Édouard Philippe, qui félicitent les policiers pour leur sang-froid à l’occasion d’une échauffourée près des Champs-Élysées. Les images des vidéos amateurs montrent bien des motards pris à partie par des manifestants violents, mais après avoir pris le risque de déclencher les hostilités par des jets de grenades alors qu’ils étaient isolés, et l’un d’entre eux semblant tout proche de tirer avec son arme de service. Ce n’est pas précisément ce que j’appellerais une attitude sereine et responsable, mais cela s’apparente davantage à l’imprudence de s’attaquer sans précautions à nid de frelons. Et pendant ce temps, le chef de l’état, qui a réussi à cristalliser sur sa personne toute la détestation d’un pouvoir considéré comme aveugle, en est réduit à chercher du soutien auprès des soldats de l’opération Barkhane, lui qui n’ose plus annoncer ses déplacements dans la France profonde de peur d’y être conspué.