Entre Noël et Ramadan
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 25 décembre 2018 10:41
- Écrit par Claude Séné
C’était le titre d’un album déjà ancien (2003) d’un groupe musical dont le nom est à lui seul un acte de foi, Au P’tit bonheur, qui s’était fait connaitre du public grâce à une chanson qui aurait pu servir de programme à bien des partis politiques : « j’veux du soleil ». Comme le nom du leader du groupe l’indique, Jamel Laroussi, Au P’tit bonheur était le produit d’un métissage musical autant que culturel, et exprimait le désir de dépasser les clivages, notamment religieux.
J’ai toujours été frappé de voir des familles musulmanes, pratiquantes ou non, célébrer la fête de Noël avec autant de ferveur, sinon plus, que les familles chrétiennes ou sans pratique religieuse. C’est qu’il s’agit pour elles de faire plaisir aux enfants, qui comprendraient mal que leurs camarades reçoivent des cadeaux à cette occasion et pas eux. Et ma foi, je trouve ça plutôt sain. Quand on se creuse la tête dans les sphères dirigeantes pour inventer un moyen de développer le fameux « vivre ensemble », beaucoup de familles trouvent là l’occasion de partager des traditions, dont le caractère religieux s’est largement estompé au point de disparaître presque complètement. Mises à part quelques personnes très pratiquantes, la fête de Noël ne fait plus référence explicitement à la naissance d’un personnage supposé être le représentant d’un Dieu hypothétique sur la Terre. Libre à chacun d’y croire ou non, même si, personnellement, j’y vois encore moins de crédibilité que la croyance en un père Noël qui distribue les cadeaux à une vitesse supersonique, que dis-je, au-delà de la propagation de la lumière, alors qu’un simple colis confié à la poste met au minimum deux jours.
Ça doit être ça, la magie de Noël. Une image un peu écornée par l’hyper présence d’un Santa Claus à l’américaine qui envahit toutes les représentations du père Noël avec son uniforme Coca-Cola et ses « ho ! ho ! ho ! » bien peu gaulois. Au point que la publicité pour le groupe Orange, dernier avatar de l’opérateur historique français des télécommunications, parait sortir tout droit des studios Disney à Hollywood, avec des images saturées de références à la culture anglo-saxonne. Malgré le caractère indéniablement commercial de l’évènement ou l’aspect profusion de nourriture quand une bonne partie de la planète souffre encore de malnutrition, les occasions de partager de bons moments avec ses proches ne sont pas si fréquentes qu’on leur fasse faux bond quand on en a la possibilité. Ne faisons donc pas la fine bouche et souhaitons-nous mutuellement un bon Noël, autant que faire se peut.