Détention provisoire (suite)
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 4 août 2023 11:10
- Écrit par Claude Séné
La cour d’appel d’Aix-en-Provence a rendu son jugement dans l’affaire qui a conduit un policier de la BAC de Marseille en détention provisoire et elle a confirmé cette décision du fait du risque de concertation avec les autres policiers, soupçonnés d’avoir tabassé le Jeune Hedi, laissé pour mort au cours des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, qui avait tenté de se soustraire à un contrôle routier. Pour la première fois, le policier a reconnu avoir utilisé un lanceur de balle de défense, très probablement à l’origine du traumatisme crânien subi par la victime.
Pendant ce temps, un autre fait-divers se produisait à Isbergues dans le Pas-de-Calais, où un homme était abattu par un gendarme dans le cadre d’un différend de voisinage. Appelés par des voisins, deux gendarmes avaient tenté de calmer un forcené de 66 ans, armé d’un katana, un sabre japonais, qui menaçait de blesser ou de tuer quelqu’un. Les gendarmes ont fait usage d’un taser et de leur bâton de défense pour tenter de le maîtriser, sans succès. C’est alors qu’un gendarme a tiré dans les jambes de l’homme, en le blessant, mais insuffisamment pour le stopper, puis à l’abdomen. Ce dernier coup a entraîné la mort de cet homme, sur place, avant l’arrivée des secours. Le gendarme auteur du coup de feu a été placé en garde à vue, comme le veut la procédure, mais il a pu en ressortir libre, en attendant les conclusions des enquêtes immédiatement diligentées. De quoi contredire les assertions de certains syndicats de policiers qui laissent entendre que les forces de l’ordre seraient systématiquement placées en détention en cas de problèmes. Indirectement, on peut aussi s’interroger sur le rôle des armes dites non létales, supposées remplacer l’usage des armes plus dangereuses encore.
Dans l’une et l’autre affaire, les personnes dépositaires de l’autorité étaient-elles suffisamment formées pour utiliser efficacement et à bon escient ces armes ? La réaction des fonctionnaires était-elle légitime, et proportionnée ? Un LBD tirant à courte distance ne devient-il pas aussi dangereux qu’une arme à feu ? Autant de questions auxquelles il faudra apporter des réponses. Dans les deux cas, les enquêteurs disposeront de documents vidéo, devenus indispensables à la manifestation de la vérité. Et ce d’autant plus que les collègues des policiers mis en cause dans les affaires de Nanterre et de Marseille se sont déclarés dans un premier temps comme n’ayant pas de souvenir précis du déroulement des faits. On comprend pourquoi la justice craint que même un mois après les faits supposés, les mis en cause se mettent d’accord sur une même version, non conforme à la réalité, une vérité à géométrie variable, qui pourrait fluctuer au gré des circonstances, pour éviter de charger un collègue, ce qui serait répréhensible, mais tellement humain.