Araignée, quel drôle de nom

C’est le moment ou jamais de citer Jacques Prévert : « Le Pape est mort, un nouveau Pape est appelé à régner. Araignée ! quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ? » Après la sidération des chrétiens, les médias qui tournent en boucle sur une nouvelle à la fois prévisible et inattendue, c’est le moment des bilans et de la réflexion pour assurer la continuité de la fonction. La plupart des observateurs ont souligné au long de son pontificat le caractère progressiste du pape François, que certains jugeaient « de gauche » parce qu’il se mettait souvent du côté des plus faibles et des nécessiteux.

Il laisse cependant derrière lui l’immense chantier d’une église patriarcale où les femmes n’ont toujours pas obtenu leur place légitime. Seuls les hommes ont le privilège, si c’en est un, de célébrer la messe et de diriger une paroisse, ou un évêché, de devenir cardinal ou d’exercer les plus hautes fonctions ecclésiastiques. Le prochain Pape sera peut-être noir, ou asiatique, viendra peut-être d’une contrée lointaine ou représentera une minorité ethnique peu connue, mais, à coup sûr, sera un homme. La seule Papesse dont l’histoire a retenu le nom, Jeanne, n’en était en fait pas une, mais une création légendaire. Non seulement seuls les hommes peuvent représenter l’église, mais ils doivent faire vœu de chasteté. La justification du célibat des prêtres est officiellement liée à la nécessité de consacrer toute son énergie à répandre la « bonne parole », mais officieusement, la figure féminine est fréquemment associée au diable et à ses œuvres, à commencer par le mythe d’Ève et de la pomme qui symbolise la tentation et le péché originel.

Le diable, qui, comme chacun sait, se niche dans les détails, ne devait pas être très loin quand l’église a décidé d’éloigner les petites filles de l’autel lors de la célébration de la messe, pour laisser la place aux garçons, et assister le prêtre dans sa fonction liturgique en qualité d’enfant de chœur. Ce sexisme « innocent » est conforme à la doctrine qui prévaut depuis des siècles sur le rôle des femmes dans l’église, qui n’évolue guère. François, qui était ouvert à beaucoup de sujets, jusqu’à défendre une forme d’écologie et de protection de l’environnement, n’avait pas de mots assez durs pour stigmatiser l’avortement, qu’il comparait au crime d’un tueur à gages. Il pouvait présenter les excuses de l’église pour les fautes abominables commises par des prêtres dévoyés, sans avoir un mot pour la détresse des femmes accablées par des grossesses non désirées. Si le prochain Pape ne peut pas être une femme, pourrait-il au moins posséder une certaine conscience féministe ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 22-04-2025 11:31
ru ne crois pas en dieu je crois savoir, mais au père noël sans doute
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