L’autre Marine

Après Marine Le Pen qui doit sa notoriété à son patronyme hérité de son père Jean-Marie, plus encore que de son prénom, pourtant repris par ses sympathisants pour créer une proximité artificielle et gommer les aspérités des déclarations tonitruantes du fondateur du Front national, il est une autre Marine, aux convictions diamétralement opposées. Marine Tondelier est une valeur montante de la gauche, qui s’affirme de plus en plus sur l’échiquier politique, et semble très appréciée des Français, bien au-delà de la mouvance écologique dont elle est une des figures les plus représentatives. Elle vient d’être réélue dès le premier tour à la tête de son parti, Europe écologie Les Verts avec un score impressionnant de 73 % en sa faveur.

Dans n’importe quelle formation politique, ce serait un succès incontestable, mais chez les écolos, une telle performance est à la limite du plébiscite. Depuis très longtemps, les humoristes avaient l’habitude de considérer que les écologistes possédaient plus de tendances et de courants que d’adhérents, et leurs divisions défrayaient la chronique dans les gazettes à l’approche des échéances électorales. Ce temps semble révolu, et cela tient beaucoup à la personnalité de leur nouvelle cheffe de file. Contrairement au titre de France Info, la réélection de Marine Tondelier est une forme de surprise par l’ampleur du résultat, auquel l’intéressée ne semblait pas elle-même s’attendre. À mon avis, son succès auprès des militants et des sympathisants tient à deux facteurs complémentaires. Sur le fond, Marine Tondelier défend toujours une stratégie d’union des forces de gauche, qu’elle a contribué elle-même à faire émerger en participant activement à la constitution d’une alliance électorale, d’abord la NUPES, Nouvelle Union populaire écologique et sociale, puis le NFP, Nouveau Front Populaire, en vue des élections législatives. Les résultats en témoignent qui sont allés au-delà des projections les plus optimistes, bien qu’ils n’aient pas permis de réunir une majorité absolue de gouvernement.

Sur la forme, également, Marine Tondelier s’efforce de rejeter les « éléments de langage », le « politiquement correct », la « langue de bois » qui font obstacle à la communication réelle, au « parler-vrai » qui est son objectif, et qui a tendance à devenir une marque de fabrique appréciée de ses interlocuteurs, quitte à reconnaître parfois des erreurs ou admettre qu’on ne peut pas résoudre tous les problèmes. Quand on entend certains responsables de la droite dite républicaine tels que Laurent Wauquiez par exemple, qui dispute le leadership de sa formation à Bruno Retailleau, qui ne vaut pas mieux, expliquer qu’ils sont obligés de raconter des « bullshits » la plupart du temps, un peu de franchise dans un monde de mensonges, ça fait du bien.