My tailor is Rishi

Les conservateurs britanniques se sont épargné un nouveau psychodrame en désignant sans tarder leur nouveau dirigeant, qui, en succédant à Liz Truss à la tête du parti tory, est propulsé de ce fait au poste de Premier ministre. Il ne sera pas nécessaire de s’infliger une campagne électorale interne qui laisse souvent des traces dont un parti peine à se relever, puisque Rishi Sunak, le favori, s’est retrouvé seul candidat à la succession après la démission forcée de celle qui l’avait battu il y a à peine un mois et demi. Le seul qui paraissait en mesure de lui contester la décision, Boris Johnson, a préféré jeter l’éponge, probablement pour ne pas subir un revers humiliant.

La troisième candidate déclarée n’a, quant à elle, pas réuni les cent parrainages nécessaires et n’a pas pu se maintenir. Et le combat cessa, faute de combattants, à la grande joie du futur Premier ministre qui devrait être nommé par Charles III dès aujourd’hui. Une satisfaction un peu trop visible qui couronne un parcours sans faute d’un premier de la classe, accédant à 42 ans au poste le plus important de son pays. Rishi Sunak coche toutes les cases en symbolisant à la fois la réussite d’un enfant de l’immigration, passé par toutes les étapes de la réussite sociale. D’origine indienne, il sera le premier non-blanc nommé à ce poste, comme il avait été déjà comme ministre des Finances. Il a suivi le cursus universitaire de la classe dirigeante, Oxford et Stanford, et le parcours du combattant de la haute finance chez Goldman Sachs. Toute ressemblance avec le président de la République française serait naturellement tout, sauf fortuite.

Si l’on demandait à un expert en la matière, Arnaud Montebourg, quel serait le seul défaut de ce gendre idéal, il répondrait probablement sans hésiter : sa femme. Sunak est en effet marié à la fille d’un homme d’affaires indien, immensément riche, la 5e fortune de l’Inde, elle-même possédant des entreprises faisant d’elle une des femmes les plus aisées du Royaume-Uni, et qui a accru sa fortune, légalement, grâce à un statut très favorable de double nationalité. Depuis que son mari a eu des responsabilités dans l’administration fiscale, elle a renoncé volontairement à une partie de l’optimisation de ses revenus internationaux. Rishi Sunak est également à l’abri du besoin : sa fortune personnelle serait le double de celle de Sa Majesté Charles III. Quoi qu’il en soit, il a la confiance des marchés et des milieux d’affaires, contrairement à Liz Truss, tombée pour cause de budget trop dépensier et impossible à équilibrer. Avec Sunak, on sait que l’orthodoxie budgétaire sera respectée et qu’il n’y a pas à craindre de dépenses sociales exagérées. Cependant, le tout nouveau Premier ministre, le 5e en 6 ans, va devoir gérer l’héritage de ses prédécesseurs, et surtout les conséquences du Brexit, qu’il a lui-même soutenu en son temps.