Royaume-Uni : on prend les mêmes ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 21 octobre 2022 10:44
- Écrit par Claude Séné
J’avais projeté de vous livrer mes réflexions sur la succession de Boris Johnson, l’ancien Premier ministre britannique, poussé vers la sortie par la pression ferme de ses « amis », lassés des scandales à répétition et des fêtes organisées au 10 Downing street en pleines restrictions sanitaires. Mon idée de base était simple. Je comptais vous interpeler sous la forme suivante : « si vous avez aimé détester BoJo, vous allez adorer haïr Liz Truss. » Elle ne m’en a pas laissé le temps en jetant l’éponge au bout de 44 petits jours. Un mandat très court, mais bien rempli.
La nouvelle dame de fer, qui aurait bien aimé dépasser son modèle, Margaret Thatcher, dans la dureté et l’intransigeance vis-à-vis de la classe laborieuse, a quand même réussi à enterrer la reine d’Angleterre, qui, elle, a battu des records de longévité. Le nouveau souverain, Charles III, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui s’exclamait en substance en la recevant : « mon Dieu, mon Dieu, vous revoilà ! » avant d’ajouter « bon, enfin… » La démission de Liz Truss va éviter au nouveau roi d’autres tête-à-tête gênants, sous l’œil amusé des sujets de sa royale majesté. Ce qui fait moins rire, c’est la situation économique et politique du royaume, moins uni que jamais. L’Écosse est toujours à deux doigts de son autonomie et l’Irlande du Nord d’une réunification avec sa voisine du sud, pour bénéficier d’un maintien éventuel dans la communauté européenne sous des formes à imaginer. Car le pays prend conscience progressivement de l’erreur qu’a constituée le Brexit et des mensonges qui y ont conduit. La livre dégringole et l’inflation flambe encore plus que chez nous.
Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le programme présenté par la nouvelle première ministre qui prévoyait des baisses massives des impôts des plus riches, alors que le pays va mal et que ces cadeaux fiscaux ne seraient pas financés, sinon par la dette et un lourd héritage pesant sur les futures générations. Il est piquant de constater que c’est en Angleterre, berceau du libéralisme, que de telles mesures font scandale, alors qu’Emmanuel Macron a fait passer la suppression de l’ISF sans coup férir au pays de la fraternité entre les citoyens trop largement oubliée au profit de la liberté sans frein et d’une égalité toute théorique. Nous ne pouvons donc guère donner des leçons de démocratie à nos voisins, surtout après une deuxième utilisation du 49.3, mais quand même, le bon sens voudrait que les citoyens soient appelés à se prononcer sur l’orientation générale du pays, sans attendre les élections générales prévues dans deux ans, et non sur un simple changement de casting. Si le pire n’est jamais sûr, il n’est pas exclu que les militants conservateurs choisissent le retour de celui qu’ils ont chassé à grand-peine.