Samedi c’est économie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 1 octobre 2022 10:55
- Écrit par Claude Séné
Ou devrais-je dire économies au pluriel ? Paradoxalement, quand le bas de laine se remplit, c’est généralement le signe, non pas d’une amélioration du pouvoir d’achat des plus modestes, pour ne pas dire pauvres, mais d’une épargne dite de « précaution » pour tenter de se prémunir contre les aléas de la vie et faire face à des dépenses imprévues. Une stratégie en grande partie illusoire, car l’inflation reste supérieure au loyer de l’argent, et de beaucoup. Quand la rémunération d’un livret d’épargne plafonne à 2 % depuis le 1er août dernier, l’augmentation du coût de la vie s’établit aux alentours de 6 % environ, et les salaires ne suivent pas non plus.
Cependant, le gouvernement français se félicite d’avoir une inflation moins forte que ses voisins européens, et même en léger recul le mois dernier. Cette baisse est en réalité un trompe-l’œil, car elle est due au subventionnement des prix de l’énergie, que ce soient les 30 centimes à la pompe sur le carburant, ou le « bouclier tarifaire » sur le gaz et l’électricité. Des aides ponctuelles qui ne dureront pas éternellement, et ne compensent pas totalement la hausse vertigineuse des produits de première nécessité, que chacun constate en allant faire ses courses habituelles. Le consommateur a le choix entre réduire la quantité des produits les plus chers, voire les supprimer totalement de leur alimentation, ce qui parfois est bénéfique pour la santé, ou se restreindre sur d’autres postes moins essentiels de leur budget. Les bouchers et les poissonniers constatent ainsi une nette baisse des volumes d’achat de leurs produits.
Comme les météorologistes, les économistes ne sont jamais à court d’explications pour justifier les différences de résultats entre les pays, quitte à tordre un peu les chiffres pour les faire coller avec leur théorie. C’est ainsi que les économistes libéraux, excusez le pléonasme, pointent du doigt la Belgique, coupable d’avoir conservé l’indexation des salaires sur l’inflation, qui entraînerait le mal absolu : une course poursuite sans fin entre prix et salaires, une boucle infernale, bien pire que l’austérité imposée souvent par ces mêmes spécialistes, qui a pénalisé lourdement la Grèce, avant qu’elle réussisse à s’en sortir. La Belgique connait donc une inflation à 12 %, ce qui est beaucoup, mais moins que les Pays-Bas avec 17 %, qui ont suivi la stratégie inverse, en appliquant strictement une politique de discipline budgétaire rigoureuse, et va devoir tempérer quelque peu son intransigeance libérale, pour sauver son économie. Une bonne nouvelle dans tout ça : on ne parle plus de la fameuse règle établie sur un coin de table d’un maximum de déficit de 3 % du PIB pour les états membres de l’Union européenne. On se contente d’évoquer rituellement une maîtrise de la dette publique, sans aller plus loin, et c’est déjà ça.