La confiance règne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 septembre 2022 10:40
- Écrit par Claude Séné
La France est décidément un pays magnifique. C’est à juste titre qu’elle est toujours la première destination touristique au monde, malgré un recul global des visites à cause du Covid 19. Brassens le chantait déjà en vantant les petits villages, les bourgs, les hameaux, les lieux-dits, les cités… mais il soulignait aussi leur point faible, qui était d’être habités. Un point de vue largement répandu dans la classe dirigeante, qui considère la population française avec suspicion, pour ne pas dire avec mépris, feignant de la consulter, voire de la considérer, tout du moins à l’occasion des échéances électorales.
Vous pensez que j’exagère ? Je n’en donnerai que quelques exemples, mais très révélateurs de l’état d’esprit de ceux qui nous gouvernent. Au moment où le gouvernement prépare le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, il braque les projecteurs sur un point précis : la délivrance d’arrêts de travail au moyen d’ordonnances délivrées par consultation à distance, qui concernerait 100 millions d’euros. Sachant que le budget global porte sur plusieurs centaines de milliards, on voit bien que l’équilibre ne tient pas à ce poste. Il s’agit de stigmatiser l’ensemble des Français, qui sont suspects d’être des tire-au-flanc systématiques, vivant aux crochets de la société.
Même constat pour les chômeurs. Ils sont clairement désignés comme coupables de leur situation. Pour résorber le chômage, il faudrait faire la chasse aux fraudeurs, et éventuellement forcer les chômeurs à accepter des emplois précaires et sous-payés à l’autre bout de la France, qu’ils ont tendance à refuser sous prétexte qu’ils sont qualifiés, alors qu’ils sont tout simplement des paresseux qui préfèrent l’oisiveté tant qu’ils sont indemnisés. Il suffirait donc de diminuer ou de supprimer carrément les droits acquis par les cotisations, pour remettre au travail ces parasites. Une idée largement démentie par la réalité. Il y a eu une baisse des statistiques du chômage, grâce à la comptabilisation des travailleurs dans des petits boulots, mais le taux d’emploi, lui, n’a guère évolué pour autant.
C’est un peu le même raisonnement qui inspire la future réforme des retraites voulue par le Président, dont il a l’intention de la faire accoucher aux forceps par l’Assemblée nationale. Il faut selon lui obliger les Français à travailler plus longtemps, alors qu’ils préfèreraient partir quand ils sont encore en bonne santé, ces ingrats. Peu importe que les entreprises ne veuillent plus garder et encore moins embaucher des séniors. Ils seront en préretraite pour les plus chanceux, au chômage pour d’autres, mais pour un temps seulement, du moment qu’ils ne sont plus indemnisés. C’est un calcul à court terme, mais qu’importe ! En paraphrasant Coluche, je pourrais dire : « les politiques n’ont pas voulu de nous, qu’ils se rassurent, on ne veut pas d’eux non plus ». C’est déjà le début avec une abstention qui monte en flèche.