Ciao bella
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 septembre 2022 11:15
- Écrit par Claude Séné
Tous les yeux étaient tournés sur les élections générales qui avaient lieu en Italie ce dimanche. La victoire était promise à la coalition de la droite et de l’extrême droite, qui avait réussi à s’unir, alors que les oppositions de ce qu’il reste de la gauche italienne et le mouvement protestataire des 5 étoiles n’étaient pas parvenus à s’entendre. Et le résultat, qui reste à affiner, a été conforme aux pronostics, qui donnaient le parti néofasciste « Fratelli d’Italia » en tête, et sa dirigeante, Giorgia Meloni, va certainement être désignée comme présidente du conseil, l’équivalent de notre Première ministre.
Le changement annoncé est d’importance, un peu comme si en France, Marion Maréchal avait bénéficié de la progression du Rassemblement national et de la popularité nouvelle de sa tante, Marine Le Pen. En italien, on utilise le « ciao » aussi bien pour saluer l’arrivée de quelqu’un que son départ. C’est tout à la fois, salut, bonjour, au revoir, adieu… Même si ce n’est qu’un au revoir, les Européens convaincus craignent que l’arrivée de la Meloni signe le glas de la démocratie ouverte, avec des mesures hostiles aux migrants, la persécution des minorités sexuelles, la remise en cause des lois favorables à l’avortement, et toutes les avancées obtenues péniblement au cours du temps. On en a eu un échantillon avec le passage du chef de file de la Ligue, Matteo Salvini au ministère de l’Intérieur dans une précédente coalition. Le pire a sans doute été évité de justesse, car l’alliance des droites ne devrait pas obtenir une majorité suffisante pour voter des modifications de la constitution sans passer par la voie référendaire.
La montée de la droite est certes préoccupante, mais il restera un garde-fou en la personne du président de la République, plus modéré. Et les fluctuations de l’opinion dans un système de proportionnelle mâtinée de scrutin majoritaire, autorisent des renversements d’alliance rapides. Il se pourrait bien que l’hymne antifasciste « Bella ciao » reprenne du service. Il a déjà été remis au goût du jour par une série espagnole, la casa de papel, et vient d’être repris d’une façon magnifique sur les réseaux sociaux, par une Iranienne protestataire, en soutien au mouvement des femmes contre le régime, férocement réprimé par le pouvoir en place. Ce « chant des partisans » pourrait être le symbole de la résistance italienne contre l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, qui ne recule devant aucun argument pour tenter de séduire l’opinion. Au point de poser avec un sourire ambigu en tenant deux énormes melons devant sa poitrine, pour souligner l’allusion à son nom de famille*. Voilà qui rappelle fâcheusement l’exercice du pouvoir par Berlusconi qui embauchait des « potiches » pour faire sa promotion à la télévision en tenue sexy, et les nommait parfois ministres.
*https://www.thesun.co.uk/wp-content/uploads/2022/09/giorgia-meloni-holding-two-melons-763615261.jpg