Poutine : la fuite en avant
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 21 septembre 2022 10:52
- Écrit par Claude Séné
Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est exprimé solennellement à la télévision russe pour annoncer une mobilisation militaire partielle de la population afin de s’opposer à ce qu’il appelle « un chantage nucléaire » de la part de l’OTAN. D’autre part, il confirme l’organisation de référendums dans les territoires conquis par la Russie en Ukraine, pour acter leur rattachement forcé comme il l’a fait avec la Crimée en 2014. Le but de cette manœuvre est évident. Il s’agit de sanctuariser les provinces occupées pour justifier par avance l’emploi de toutes les armes, y compris nucléaires ou chimiques, pour défendre une partie du nouveau territoire national.
Devant cette escalade, le président français, Emmanuel Macron, a complètement oublié de ne pas « humilier la Russie » et a dénoncé devant l’Assemblée générale des Nations-Unies cette « parodie de démocratie ». On ne peut qu’être d’accord avec lui sur ce point, mais il ne s’agit encore et toujours que de paroles verbales, quand la France traîne des pieds pour fournir à l’Ukraine les armes et l’aide concrète promise et qu’elle continue à demander. Le discours de Poutine est à double usage. Démontrer à sa population qu’il est toujours aux commandes malgré les revers militaires récents, et menacer la terre entière d’une apocalypse nucléaire si l’on ne se soumet pas à son diktat. Se poser en victime comme il le fait est à double tranchant. Cela peut être considéré par l’opinion publique russe comme un aveu de faiblesse, ce que c’est en réalité. Le temps des rodomontades des journalistes d’état à la télévision nationale semble bien passé. Ne reste plus que la menace d’une riposte terrible en cas de nouvelle défaite.
Pour décrypter les déclarations de Poutine, il suffit généralement de prendre le contre-pied de ses affirmations. Il se plaint d’être attaqué quand c’est lui l’agresseur. Il accuse les Ukrainiens de crimes contre les civils ou de viser les centrales nucléaires qu’il occupe illégalement. Bref, chaque accusation des Russes est à retourner pour être conforme à la réalité. La grande inconnue, c’est l’état de l’opinion en Russie. Si l’on voit le verre à moitié plein, on peut supposer que la situation militaire a beaucoup affaibli Poutine. Plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés ne peuvent pas passer totalement inaperçus, et la guerre coûte cher au pays. Les réservistes mobilisés ne seront pas opérationnels avant des semaines et les ressources militaires ne sont pas inépuisables. Poutine semble bien en passe de perdre cette guerre sur le terrain, et son régime n’y survivrait sans doute pas. La contrepartie, le verre à moitié vide, c’est qu’il fera tout pour se maintenir au pouvoir, au détriment de son peuple, quel qu’en soit le prix.