L’exigence d’exemplarité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 20 septembre 2022 10:38
- Écrit par Claude Séné
À peine a-t-on fini d’enterrer la reine d’Angleterre que l’on revient à l’affaire la plus croustillante du moment. Pensez donc, un représentant prometteur d’un parti qui a fait de la lutte contre les violences conjugales un de ses champs de bataille préférés a reconnu avoir porté une gifle à son épouse lors d’une dispute dans le cadre d’un divorce difficile. Rien qu’en rapportant ces faits, avec une extrême prudence, j’ai conscience du risque que j’encours d’être taxé de complaisance à l’égard d’Adrien Quatennens, ou de lui trouver des justifications au nom d’une indulgence qui ne serait pas de mise.
C’est pourtant ce qui est reproché à Jean-Luc Mélenchon, à juste titre, lui qui fait passer son amitié personnelle avant la cause des femmes victimes de violences, banalisant ainsi un geste que rien ne saurait justifier. Sur le plan purement judiciaire, l’affaire est relativement simple. Une main courante a été déposée par l’épouse d’Adrien Quatennens, ce qui permet de prendre date en vue d’un règlement dans une procédure de divorce, qui relève de la vie privée des deux conjoints. C’est l’aspect politique qui est et qui reste épineux. La France insoumise peut-elle défendre, même indirectement, un de ses membres qui a d’ailleurs reconnu les faits, sans se mettre en porte-à-faux évident avec ses propres principes ? D’un autre côté, soutenir les critiques qui fusent de toutes parts contre le numéro deux du parti, ne l’expose-t-elle pas à affaiblir le mouvement lui-même ? C’est cette tentation de défense qui l’a visiblement emporté, et c’est un mauvais calcul.
Pendant ce temps, on ne parle plus d’une autre affaire qui a été révélée au public le 26 aout dernier par Mediapart. Le maire de Saint-Étienne, du parti Les Républicains, est soupçonné d’avoir fait chanter un ancien premier adjoint à l’aide d’une vidéo enregistrée à son insu avec un escort boy. L’affaire suit son cours, mais les appels à la démission n’ont été suivis d’aucun effet sans que cela émeuve plus que ça ses adversaires, qui réclament avec insistance le retrait total et définitif d’Adrien Quatennens de la vie politique. Doit-on en conclure qu’on est plus exigeant avec des personnalités se réclamant de la gauche ? La réponse est oui, probablement. Et c’est normal. On s’attend à ce que de véritables hommes de gauche, même s’ils ne courent pas les rues, aient une attitude irréprochable, alors que l’on n’est guère étonné si des personnalités de droite se livrent à des actes d’une moralité douteuse. L’exigence d’exemplarité s’exerce donc avec encore plus de force sur ceux qui la réclamant pour autrui. La Loi fait d’ailleurs une différence sur les infractions commises par des représentants de l’autorité, dans l’exercice de leurs fonctions, en en faisant une circonstance aggravante.