L’humour au féminin
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 18 septembre 2022 10:21
- Écrit par L'invitée du dimanche
Si j’ai donné la première place aux humoristes masculins, ce n’est pas par peur d’être taxée d’hyper féministe, mais bien parce que cet espace-là n’a pas été d’emblée ouvert aux femmes ! Il serait inconcevable que je ne leur donne pas la parole, d’autant que depuis une bonne dizaine d’années elles se sont rattrapées et leurs regards sur l’humour sont souvent militants.
La première d’entre elles, celle qui a ouvert les portes dans les années 50, l’incontournable, l’unique, c’est celle qui a gagné ses galons pour être appelée « La Maillan »
Garçon manqué, née en 1923 dans une famille bourgeoise, elle manifeste très tôt des dons pour le comique. Elle les exprime à l’école, où, mauvaise élève « c’est difficile d’être dernière en classe, j’y arrivais quand même » dira-t-elle, elle amuse tout le monde. Après avoir essayé le droit puis la puériculture, brûlant d’une vraie passion pour le théâtre, elle rêve de devenir tragédienne. Sa famille qui la soutient déménage en 1944 à Paris pour lui permettre de suivre les cours Simon. Très vite, ce dernier lui déconseille la tragédie, lui affirmant qu’elle est faite pour la comédie, elle qui arrive à faire rire en jouant Racine.
Elle intègre entre autres la compagnie des Branquignols, au cabaret l’Amiral avec ses complices Jean Richard, Darry Cowl… elle participe à des revues délirantes et commence une longue carrière au théâtre avec pour partenaire son ami Pierre Mondy, Claude Brasseur, de Funès… (ce dernier lui assurera en 1963 un succès national dans le film « Pouic Pouic » on l’appellera la de Funès en jupon) alors qu’elle a enchaîné les réussites dans des pièces de boulevard, et que sa carrière au cinéma se confirmera avec plus de 30 films.
La télévision lui offre une notoriété méritée, les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier « les grands enfants » puis « Maillan à la une », « top à Jacqueline Maillan » « Palace » de Jean-Michel Ribes de 1967 à 1970, lui confèrent la place évidente d’humoriste. Elle crée son propre spectacle en 1984 « j’ai deux mots à vous dire ».
Ce qu’elle ne dira pas, c’est son homosexualité (à cette époque c’est considéré comme une pathologie psychiatrique), qu’elle arrivera à vivre quand même avec l’accord de son mari, le compositeur Michel Emer. Ce lourd secret explique peut-être qu’en dehors de la scène, elle est mélancolique, voire taciturne.
Pourtant, exubérante, désopilante, avec son sens inné de l’humour physique et sa capacité d’improvisation, elle a conquis un public populaire, avec ses clins d’œil complices, ses sourires narquois, ses attitudes drolatiques, sa démarche énergique, sa capacité de jouer sur des intonations variées. Les femmes humoristes saluent cette grande dame qui a osé faire une brèche dans le modèle masculin, elle fut la première à incarner de grands rôles comiques sur scène comme au cinéma.
Pierre Palmade en 1991, lui offre un « seule en scène » taillé à sa démesure : « pièce montée », un monologue de réflexions humoristiques, de remarques grinçantes, de colère… ce sera sa dernière prestation, car elle meurt en 1992 d’une crise cardiaque.
Pour agrémenter votre dimanche, offrez-vous sur YouTube 6 mn de plaisir*, un vrai morceau de matrimoine... Je vous recommande « la conférencière ».
Bon rire, bon dimanche
* https://www.youtube.com/watch?v=r7mAiZf6xRM
L’invitée du dimanche