Le héron nantais n’aura pas son arbre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 septembre 2022 11:08
- Écrit par Claude Séné
La maire de Nantes, Johanna Rolland, a annoncé l’abandon du projet de construction d’un « arbre aux hérons » gigantesque, propulsé par la compagnie des Machines, déjà auteur d’œuvres fabuleuses telles que l’éléphant géant, devenu un des emblèmes de la ville, contribuant à la faire connaître du monde entier. La raison de ce renoncement : un budget pharaonique, déjouant les prévisions les plus folles et atteignant les 80 millions d’euros, sans garantie de nouvelles augmentations d’un chantier qui n’a cessé d’enfler depuis les premiers coups de crayon de son inventeur, François Delarozière, il y a plus de 20 ans.
Il est probablement plus raisonnable de ne pas donner suite au projet, malgré l’état avancé des études et les sommes importantes déjà avancées pour finaliser les prototypes réalisés. Comme tout visiteur de la galerie des Machines, j’ai pu admirer les maquettes de l’Arbre aux hérons, exposées à l’échelle 1/10e. L’œuvre promettait d’être majestueuse, avec un souci du détail qui est la marque de fabrique de la Compagnie, un mélange baroque de mécanique, d’acier et de bois, d’une poésie indiscutable. Finalement, ce sont les écologistes, qui font pourtant partie de la majorité municipale, qui auront eu la peau de ce projet, auquel ils se sont opposés dès le début, avec le même argument qui a permis de refuser le projet de construction d’un nouvel aéroport ou d’un nouveau stade de football, l’argent, qui pourrait être mieux employé ailleurs, selon les opposants. J’ai cependant la nette impression que l’argument financier n’explique pas tout, même si de réels problèmes de financement opaque ont été relevés par l’association de lutte contre la corruption, anticor. Certains opposants au projet ont dénoncé « l’absurdité » de construire une attraction de 1900 tonnes d’acier. On imagine sans peine quelle aurait été leur position sur la construction d’une tour de plus de 10 000 tonnes en plein Paris à l’occasion de l’exposition universelle.
Au fond, c’est peut-être la pression d’une échéance à court terme telle que l’exposition de 1889 qui a manqué au projet. Si l’arbre aux hérons avait été programmé, comme la tour Eiffel, pour être construit en deux ans, deux mois et 5 jours, son budget initial de 35 millions aurait probablement été respecté. Et qui aurait alors réclamé l’abandon d’un projet qui avait prouvé son intérêt artistique et technologique au point de symboliser à lui seul la capitale française, malgré les dénigrements d’une partie de l’opinion ? Comme le héron de la fable, c’est en battant le fer tant qu’il était chaud, et en prouvant le mouvement en marchant, que l’on aurait évité de se retrouver Gros-Jean comme devant avec pénurie de carpe, de brochet, de tanche ou même de goujon.
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