Hiver être froid ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 15 septembre 2022 10:48
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez évidemment cette blague selon laquelle un vieux sage indien prédit un hiver froid en voyant son voisin, blanc, faire des stocks de bois à cause de sa prophétie. La question de l’énergie est en effet un véritable casse-tête pour les particuliers, qui craignent une explosion des tarifs, les professionnels, dont certains sont déjà touchés, et le gouvernement, qui ne peut pas rester les bras ballants sur un sujet hautement inflammable. La situation est d’autant plus compliquée que l’un des facteurs qui ont le plus d’impact est parfaitement imprévisible, et c’est la situation météorologique. Selon que l’hiver sera clément, modérément froid, ou exceptionnellement rigoureux, les scénarios varieront du tout au tout.
Ce n’est pas parce que la température moyenne relevée sur la planète est globalement plus élevée que par le passé qu’on ne peut pas subir un ou plusieurs épisodes de froid intense, comme on en a connu autrefois. C’est même assez probable dans la mesure où les phénomènes climatiques extrêmes semblent être plus fréquents. Ce qui fait craindre des pics de consommation électrique auxquels le réseau existant ne pourrait pas faire face. Le parc nucléaire dont on nous avait vanté les qualités ne suffit plus à nous garantir une sécurité énergétique, sans parler des risques et des déchets, toujours pas réglés. Laissés à l’obsolescence faute d’investissements, les futurs réacteurs ne seront pas prêts avant longtemps, et le manque de volonté politique n’a pas permis d’atteindre les objectifs en matière de développement d’énergies renouvelables. On en est donc réduit à demander aux Français de baisser leur chauffage tout en croisant les doigts pour que l’hiver ne réduise pas leurs efforts à néant.
Et même si nous consommons moins, nous paierons plus. En effet, le prix de l’électricité, indexé sur celui du gaz, aurait déjà dû augmenter massivement si l’état s’était contenté de répercuter le prix du marché, celui qui devait permettre une baisse sensible de l’énergie grâce à la sacro-sainte concurrence prônée par Bruxelles. L’état s’est engagé à prendre à sa charge une partie de la hausse des tarifs pour ne pas pénaliser les plus modestes. Il annonce quand même une hausse de 15 % pour 2023 et aidera les ménages à supporter l’augmentation en versant un énième chèque de 100 ou 200 euros aux plus démunis. Tout ça coûte cher, évidemment, et c’est bien dommage que Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie, n’ait toujours pas compris en quoi consistaient les superprofits réalisés sur le dos des consommateurs par les « profiteurs de guerre ». Par chance, la Commission européenne a trouvé une règle de calcul, qui vaut ce qu’elle vaut, pour taxer les entreprises en question et redistribuera aux états membres les milliards ainsi récoltés. Ouf !