Le crime ne paye pas
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 8 juin 2022 10:02
- Écrit par Claude Séné
C’est du moins ce qui se disait couramment au siècle dernier, et sans doute avant, dans le but de dissuader le populo de dévier du droit chemin. À défaut d’une justice séculière qui frapperait toujours les délinquants, on supposait l’existence d’une juridiction immanente qui viendrait empêcher les criminels de goûter aux fruits de leurs coupables activités. Je me plais à croire que c’est cette justice d’essence supérieure qui a empêché l’ancien Premier ministre français, Manuel Valls, d’accéder au statut de représentant des Français de l’étranger dans la zone de la péninsule ibérique notamment.
Il faut souligner également que ce sont les électeurs de ces contrées qui se sont faits les bras armés de cette sorte de Providence à l’envers, en blacklistant cet homme, si persévérant dans la versatilité, que cela en devient grotesque. On ne comprend déjà pas comment il est parvenu à se faire nommer Premier ministre en représentant une fraction numériquement peu importante du parti auquel il appartenait alors, et politiquement peu représentatif. Il était loin d’avoir convaincu les militants socialistes avec un peu plus de 5 % aux primaires de 2011. Hollande le nommera cependant ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre. Ce succès qu’il n’a rien fait de spécial pour mériter, lui monte alors à la tête. Au lieu de rentrer dans le rang comme un Couve de Murville sorti provisoirement de l’anonymat par De Gaulle, il s’imagine un destin hors du commun, et fera tout ce qui est en son pouvoir, bien modeste, pour revenir aux affaires en sauveur. Las ! la France ne l’a pas attendu. Il doit se résoudre à l’exil. Il pense probablement que ses talents seront appréciés à leur juste valeur dans sa deuxième patrie, l’Espagne. Il se présente à l’élection pour la mairie de Barcelone, alors que sa notoriété est quasi nulle là-bas. Il sera tout naturellement devancé par les listes locales possédant une implantation de longue date.
L’homme est rompu aux aléas de la politique. Il remonte sur le cheval et en abjurant ses engagements précédents fait ses offres de service au nouveau président, prêt à toutes les tâches, même les plus obscures, candidat à tout, jusqu’à ce que Emmanuel Macron lui cède enfin un strapontin avec cette investiture aux législatives, au prix du débarquement du député sortant, qui apprécie moyennement la blague et va se maintenir contre sa hiérarchie, provoquant ainsi la perte de Manuel Valls. Il n’arrivera que troisième et sera donc éliminé dès le premier tour. La République en marche soutiendra donc sans le moindre état d’âme le dissident, exclu dans un premier temps, puis adoubé par une base restée fidèle, elle. Et c’est là qu’il faut relativiser le dicton qui m’a servi de titre. Certes, les trahisons successives de Manuel Valls ne lui ont pas porté chance, mais les candidats de tous les partis qui ne respectent pas les décisions de leur obédience et se présentent sous leur propre bannière ne sont pas nécessairement sanctionnés, et obtiennent parfois les trente deniers de leur traitrise, comme s’il n’y avait pas de justice, ni sur cette terre ni ailleurs.