Les sacres et massacres du printemps
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 8 mai 2022 10:11
- Écrit par L'invitée du dimanche
Saison entre le froid et le chaud, elle marque le renouveau dans la nature, radoucissement des températures, bourgeonnement, floraison, réveil des animaux, nidification, pondaison, naissance des oisillons, saison de la reproduction et des amours, retour des migrateurs… le chant du coucou nous donne le premier signal de cet événement !
On sème, on plante, on taille, on pense aux récoltes à venir. De jour en jour, les arbres qui semblaient morts reverdissent, les aubépines, les genêts, les asphodèles… tout concourt à enchanter les yeux et le nez, et nous aide à occulter en même temps que « le manteau de vent, de froidure et de pluie », le moral un peu en berne porté par l’hiver !
Mais cette vision romantique ne peut faire oublier l’absence de plusieurs milliers d’espèces d’oiseaux (800 000 espèces en 30 ans), l’épandage des pesticides de printemps, qui empoisonnent la terre et les riverains, l’émergence des virus qui mènent des éleveurs à la faillite, la sécheresse qui menace les récoltes… le réchauffement climatique très sensible en cette période, orchestre une sorte de jeu de massacre.
Symboliquement attribué à une période de la vie, celui de la jeunesse, qui porte en elle tous les espoirs, l’avenir en construction, l’épanouissement, le renouveau. Apporte aussi les attentes déçues, les projets avortés, les laissés-pour-compte qui n’auront pas réussi à exploiter tous les possibles !
Tout aussi symbolique, le nom de printemps donné à toute période pendant laquelle se manifestent les aspirations d’un peuple, d’une nation, à plus de liberté, de démocratie, de justice sociale… le premier d’entre eux, « le printemps des peuples », a été un grand mouvement révolutionnaire qui a touché toute l’Europe entre février et juillet 1848. C’était l’expression d’une aspiration d’émancipation sociale, une recherche d’identité populaire s’appuyant sur la langue, les traditions de la culture et pas sur une dynastie. Ces manifestations ont toutes été réprimées après avoir sensiblement bouleversé la mise en place des dirigeants.
« Le Printemps de Prague », lui, doit son nom à la saison puisqu’il a débuté le 5 avril 1968. Le PC tchécoslovaque avec Dubcek cherche à mettre en place un socialisme à visage humain, soutenu par un grand mouvement populaire et se terminera par l’invasion militaire de la Russie en août 1968. Là encore des espoirs déçus !
En 1980 « le printemps libéral » raté en Corée du Sud, mettra en place un régime plus sinistre encore.
« Le printemps arabe » fait lui référence à celui de 1848, né en décembre 2010 en Tunisie, il se répandra jusqu’au printemps 2011 dans différents pays du Maghreb : l’Égypte, la Libye, le Maroc, l’Algérie, la Syrie et gagnera le Moyen-Orient, le Yémen, le Bahreïn, la Jordanie.
10 ans plus tard, la déception est proportionnelle à la hauteur des espoirs, le bilan révèle des états effondrés, des zones de guerre civile, le maintien ou le retour de régimes autoritaires… seule la Tunisie aura réussi un demi-succès, mettre en place une transition démocratique.
Je ne dirai rien du « printemps ukrainien » il est en marche, il faut espérer qu’il sera l’exception qui confirme la règle, à savoir qu’un Printemps peut apporter avec lui autre chose que du massacre et du désespoir !
L’invitée du dimanche
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