Le cimetière des éléphants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 4 mai 2022 11:03
- Écrit par Claude Séné
C’est aux forceps et malgré l’opposition d’un certain nombre de figures « historiques » du parti que les socialistes devraient au bout du compte signer un accord de coalition avec les écologistes d’EELV, le parti communiste, et d’autres formations de gauche, sous l’égide de la France Insoumise dans le but d’obtenir une majorité aux élections législatives. Selon les « éléphants » du PS que sont l’ancien président François Hollande, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, les anciens premiers secrétaires tels que Martine Aubry et Jean-Christophe Cambadélis ou encore Stéphane Le Foll, cet accord signerait la disparition du parti tel qu’ils le souhaitent et ils menacent donc de le quitter.
Leur départ ne changerait pas grand-chose à un état de fait qu’il faut bien constater. Le Parti socialiste a touché le fond avec le score réalisé par sa candidate à l’élection présidentielle, qui a battu le triste record de Gaston Deferre en 1969, dont les maigres 5 % avaient permis un remboursement des frais de campagne, contrairement aux faméliques 1,74 % récoltés par Anne Hidalgo. Le déclin ne date pas des dernières présidentielles. Benoît Hamon avait déjà fait les frais du « vote utile » en 2017. Seule l’implantation locale avait permis de limiter la casse et de sauver les meubles aux municipales notamment. L’élection de François Hollande en 2012 face à Nicolas Sarkozy a été un trompe-l’œil, il a gagné sur sa gauche et s’est empressé de prendre un virage sur sa droite, déplaisant finalement aux deux camps et l’empêchant de se représenter. Le PS s’est reposé sur des lauriers inexistants et a cessé d’être une force de proposition et de réflexion pour un projet social. Il le paye aujourd’hui, tout comme la SFIO en son temps.
Si les pachydermes politiques venaient à mettre leur menace à exécution, cela signerait simplement que leur époque est révolue et que les électeurs sont prêts à les laisser se retirer paisiblement pour rejoindre « le safari partant mourir au cimetière des éléphants ». L’Histoire repasse rarement les plats. Personne ne semble regretter vraiment Nicolas Sarkozy ou Manuel Valls malgré leurs efforts pour rester en cour. Et puis ces cadres du PS, qui versent des larmes de crocodile devant le lait répandu, ne se sont guère manifestés pendant la campagne. On ne les a pas vraiment vus « mouiller le maillot » pour faire triompher leurs couleurs, mais observer un silence prudent en attendant de critiquer la candidate, accusée facilement de tous les maux. À force de jouer « le coup d’après », il arrive que l’occasion ne se présente pas du tout. La dynamique de gauche est clairement en ce moment du côté de Jean-Luc Mélenchon. Sa proposition de rassemblement sous sa bannière est la seule susceptible de gagner ou de limiter les dégâts actuellement, et ce n’est déjà pas évident.