Sidérant
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 3 mai 2022 11:14
- Écrit par Claude Séné
C’est l’impression que ces images qui ont fait le tour de l’Internet en marge des manifestations du premier mai de dimanche dernier m’ont laissée. Non pas les dégradations, parfois « gratuites », parfois intéressées, en vue du pillage systématique de marchandises exposées dans les boutiques le long du défilé. Nous y sommes malheureusement habitués. Ceux que l’on a appelés « les casseurs » s’invitent à chaque rassemblement de foules leur assurant un certain anonymat. Pour des motivations diverses, ces fauteurs de trouble s’en prennent à l’ordre établi tandis que les « forces de l’ordre », policiers, CRS ou gendarmes tentent de les en empêcher.
Même si je ne les approuve pas, je peux comprendre pourquoi et comment ces affrontements peuvent dégénérer. Alors que le comportement de cette femme frappant un sapeur-pompier dans le but de l’empêcher d’éteindre un feu de palette me laisse sans voix. Cette personne est une ancienne infirmière qui a démissionné pour éviter de se faire vacciner, elle apporte un concours bénévole en tant que « street medic » aux manifestants qui seraient blessés et aurait donc toutes les raisons d’être solidaire des sapeurs-pompiers, œuvrant eux aussi pour sauver des vies. Elle semble faire partie de la mouvance contestataire manipulée par des théories du complot qui lui ont fait adhérer au mouvement des gilets jaunes puis combattre les vaccinations et le port du masque, en particulier pour les enfants. On la suppose favorable à la liberté individuelle, même si elle entraîne des conséquences dramatiques. Par ailleurs, elle ne cache pas son soutien à Jean-Luc Mélenchon, ou, à défaut, Jean Lassalle, si le leader de la France insoumise n’avait pas eu ses 500 parrainages. Je n’aurais donc été que modérément surpris si elle s’en était pris à un policier pour défendre un manifestant, outrepassant ainsi la mission d’aide dont elle s’est personnellement investie.
Mais un pompier ? Pour un feu de palette ? On ne peut pas s’empêcher de rapprocher ce comportement de celui de certains habitants de banlieue, qui utilisent des incendies volontaires pour attirer les professionnels dans de véritables guets-apens. Ou qui s’en prennent à tout ce qui rappelle de près ou de loin un service public, du fait du port d’un uniforme, quel qu’il soit. Cet état de défiance est le signe d’un fossé profond entre la population la plus défavorisée et un état perçu comme coupé des réalités du terrain, ce qui n’est pas complètement faux. Sur l’année 2021, plus de 1500 faits de violence envers des pompiers ont été recensés, entraînant 572 blessés dans leurs rangs. Les politiques divergent sur les moyens à mettre en œuvre pour faire baisser ces statistiques inquiétantes. Depuis Nicolas Sarkozy et son fameux Karcher, beaucoup s’y sont cassé les dents. Il y a pourtant urgence, et le soutien implicite du ministre de l’Intérieur au préfet de Paris, Didier Lallemand, toujours pas limogé, est un signal négatif.