E=mc²

Tout le monde, ou presque, connait cette formule mathématique énoncée par Albert Einstein en 1905, mais beaucoup moins nombreux sont ceux qui la comprennent dans toute la complexité de la théorie de la relativité restreinte sur laquelle elle s’appuie. C’est en partie pour cela qu’il est considéré comme un génie par le commun des mortels et que cela donne du prix à toute une série d’aphorismes qui peuvent encore s’appliquer à la période actuelle. Car en plus d’être un scientifique très en avance sur son temps, Albert Einstein est un penseur dont les citations éclairent souvent la réflexion pour qui sait les étudier.

C’est suffisamment rare pour être souligné à notre époque où tout le monde a un avis sur tout, moi le premier, je dois l’avouer. On est souvent confronté à un phénomène connu sous le nom de maladie du Nobel, ou nobélite, qui atteindrait les lauréats consultés sur toutes sortes de questions en dehors de leur champ de compétence, et dont les réponses, bien que dépourvues de la moindre expertise, sont recueillies comme paroles d’évangile au motif de l’aura dont dispose leur auteur grâce à des travaux parfois très éloignés de la question posée. Cette affection ne serait d’ailleurs qu’une variante d’une tendance plus générale, dont le nom savant, et même pédant, est l’ultracrépidarianisme*, où toutes sortes d’experts autoproclamés émettent des avis personnels, voire partisans, au nom d’une célébrité parfois toute relative.

Au moment où selon le slogan des supporters du président sortant nous venons d’en prendre pour cinq ans de plus, il m’est revenu en mémoire une citation d’Albert Einstein qui déclarait : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. » J’ai pourtant la désagréable impression que c’est ce qui nous attend, et la composition du prochain gouvernement devrait illustrer cette pensée. Ce brave Albert nous a d’ailleurs gratifiés d’une autre citation qui complète la première en déclarant : « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». On a trop souvent l’impression que les ministres sont choisis soit parce qu’ils ont une compétence supposée dans le domaine qui leur est confié, soit précisément parce qu’ils n’en ont aucune. Et les résultats ne sont pas tellement différents. Mettre un médecin à la Santé ne garantit pas qu’il sera à la hauteur en cas de canicule meurtrière, pas plus qu’une écologiste patentée pour lutter contre une marée noire. En guise de viatique, laissez-moi vous donner encore deux formules : « le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » et ma préférée : « seules deux choses sont infinies. L’univers et la stupidité de l’homme. Et encore, je ne suis pas certain de l’infinité de l’univers ».

* L’ultracrépidarianisme est un comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée. (Wikipédia)